26 septembre 2009

LE VOL

24 septembre, au retour du travail, la porte avant est entr’ouverte. Défoncée. Premier réflexe : ma pièce de travail, y jeter un coup d’œil. Les papiers de Laurent sont répandus par terre, le bureau de l’ordinateur est presque vide; on a laissé l’imprimante et les haut-parleurs. Catastrophe ; les deux disques durs sont disparus : celui sur lesquels étaient stockées l’ensemble des images du film et celui qui me servait de back-up.
Au deuxième étage, la chambre à coucher est sans dessus dessous; Michèle n’a plus de bijoux.
Dans la salle à dîner, la girafe en bois, trophée de Laurent du Parc Safari, est tombée, brisée.
Sur le lavabo de la salle de bain, la bague de fiançailles, œuvre originale de Jean Letarte, et le bracelet sculpté de Tunisie ne sont plus dans leur petite boîte en verre habituelle.

Coup de fil à la police; ils sont déjà informés. Rendez-vous : 19 h 30.

Montana, l’ado d’à côté, frappe à la porte. Il a découvert l’effraction un peu plus tôt, en venant vendre du chocolat. Ce sont ses parents qui ont prévenu la police.
-Merci. C’est gentil.
Impossible de retenir mes sanglots.
-C’est pas grave…
-Ils ont pris le film de Laurent. Trois ans de travail.
-Çà va s’arranger.

Je réalise qu’on a aussi pris la caméra.

Il me reste les originaux.
Je peux tout reprendre. Repartir à zéro.
Froidement, environ 25 jours de travail de montage. 175 heures.
Depuis décembre 2008.

Il m’est arrivé de perdre un texte par une panne de courant ou mal sauvegardé.
La reprise prend moins de temps, c’est vrai.

J’étais à la fin de la sélection. Je me préparais au premier assemblage.
Comme un nouveau plongeon.
Sauf qu'il me faut maintenant rebâtir la piscine avant de me retrouver sur le tremplin de nouveau.

Je rage. Comme Sisyphe. Comme jamais.
Me réapproprier la partie de Laurent qu’on vient de m’arracher.
Allier Mémoire et Énergie; tant qu’il m’en restera.