24 avril 2006

Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour


Mon beau Laurent,
Je suis très contente de te savoir revenu chez toi et entouré de tous ceux qui t’aiment tellement et que tu as si tendrement aimé. C’est bien triste que l’on soit tous ici en de telles circonstances, mais au cours de ces derniers jours, j’ai réalisé que ce n’est pas toi, ce corps inerte, et que tu es vraiment partout, tu es libre et tu nous habites tous peut-être plus que jamais.
Tu nous a appris tellement de choses au cours de ton séjour dans ce monde, surtout à moi, qui connaissais si peu sur la vie et l’amour. On aurait tous voulu que tu continusses à nous montrer pleins d’autres secrets, mais là, tu nous as appris une leçon très importante : la ligne entre la vie et la mort est tellement fine, et il faut vraiment profiter de chaque moment qui nous est accordé. On le dit tous souvent, mais on ne le fait que rarement. Sincérement, je ne connais personne qui l’a mieux fait que toi. Tu as réussi à mettre de la joie dans tout et de te rendre heureux avec les plaisirs les plus variés, qu’il s’agisse d’une petite poutine en rentrant de longues heures de cours ou d’un grand repas de fête, d’une journée à l’extérieur à jouer au hockey avec tes amis ou à travailler à la ferme, d’une promenade dans le quartier ou d’un voyage au bout du monde, d’une discussion engagée sur la politique ou sur de simples bêtises, d’une rencontre fortuite ou d’une relation déjà bien développée. Et tu as réussi à répandre cette joie à tous ceux qui t’entouraient de près ou de loin. Même quand on était séparé par des kilomètres durant les mois d’été, un petit courriel ou un coup de téléphone suffisait à me rendre heureuse pendant des journées.
Pour toi, en ton honneur, en ta mémoire, on va essayer de notre mieux, en tout cas moi, de suivre tes pas, et de remplir autant de moments que possible de bonheur. Ce n’est pas juste qu’une tragédie comme celle-ci, si inexplicable, si irréelle, nous fasse réaliser çà, mais c’est fait, on n’y peut rien maintenant : on s’accrochera à nos souvenirs pour continuer.
Laurent, je ne sais pas comment te remercier assez pour tout ce que tu as fait pour moi au cours de ces deux ans ensemble. Vraiment, tu as été un don inouï, et même si on ne terminera pas notre jeunesse ensemble et qu’on ne deviendra pas vieux côte à côte comme on en parlait, toute cette peine et cette douleur valent bien la brève période qui nous a été offerte. Je n’échangerai jamais rien au monde pour ce qu’on a vécu. Je suis tellement désolée de ce qui s’est passé, ce n’est pas juste, surtout que tu allais le plus loin de nous tous. Bien sûr que tu n’es pas véritablement parti, mais ca va être difficile dans les temps à venir. Aide tes parents, ta soeur, moi, et tous ceux qui t’aiment, à passer cette épreuve difficile.
Laurent, je ne te le réciterai plus en personne,
« ... Mais mon amour
Mon doux, mon tendre
Mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à
La fin du jour
Je t’aime encore tu sais
Je t’aime »
(Jacques Brel)

À plus tard Laurent. Attends-nous.
Yumiko