25 avril 2006

L'ami Fabien à l'hommage de Mc Gill



J’étais là , dans un café fumant lentement ma cigarette observant d’un air abstrait le ciel laisser couler imperturbablement sa pluie sur la ville silencieuse quand j’ai senti ton absence. Il m’est venu comme un frisson, j’ai senti la pointe de la douleur fendre mon cœur. Je t’ai aimé cher camarade, sans toi la vie perd de son sens. J’ai comme envie de revoir l’intensité bleue de tes yeux, de te voir grand, marcher maladroitement avec ta cheville abîmée, absorber le monde de ton regard insatiable et généreux.

Je pense à la première fois que je t’ai rencontré de par une amie commune – Michelle – nous nous étions rencontrés à la suite d’un film sur la chute du mur de Berlin. Cette rencontre n’avait rien d’extraordinaire en soi; quelques paroles échangées, une ferme poignée de main…

Mais tu es souvent revenu sur cette rencontre; tu disais que tu sentais les ¨vibes¨ et que tu as su dès cette première rencontre que nous serions amis. Je garderai à jamais en moi le regret de ne t’avoir pas laissé savoir à quel point les sentiments étaient réciproques. Du haut de mes dix-sept ans, j’étais l’étudiant qui commençait une nouvelle vie, perdu et désemparé dans Montréal, j’ai vu en toi quelqu’un de sympatique et qui inspirait confiance.

De fil en aiguiille, ou plutôt du jour au lendemain, nous sommes devenus bons copains et tu m‘invitais à vivre chez toi l’année suivante. Je me rappelle du fameux repas moules-frites avec lequel tu avais accueilli ma mère, afin qu’elle puisse consentir à nos désirs de faire vie commune.

A suivi une année tumultueuse de co-locs à trois. Je me rappelle des baskets avec Seb, des luttes dans la neige ou dans le salon, des conversations politiques à n’en plus finir avec Damien ou Arnaud. Tu allais réformer le monde c’est vrai, avec toi j’envisageais bien des voyages et des projets…

Tu as été comme un grand frère pour moi, parfois brutal, parfois souriant et joueur. Tu m’as servi de modèle pour une vie saine, pour la conduite de soi avec assurance, et sans jamais baisser les bras…

Nostalgie de toi, notre retour sur toi, amer et décevant parce que dépourvu de cette onde physique et sensuelle , cette étincelle
de vie qui emplissait ta personne. Je ne me résignerai jamais à accepter ta mort, tu es et seras toujours là…

Fabien Ortiz
24 avril 2006-04-25