25 avril 2006

Étoile filante et bonne Étoile


Comme parents de Sébastien Courchesne-O’Neill, un des très bons amis de Laurent, nous ne l’avons finalement que peu connu mais à travers Sébastien, et lors de quelques rencontres, il nous a irrémédiablement marqués. C’est à Paris en décembre dernier, dans l’appartement de la rue de la Folie Régnault où nous avions habité en 2003-2004 et qu’il avait pu obtenir par notre intermédiaire, qu’il nous avait invités et que nous l’avons vu pour une dernière fois. Ce fut un très agréable souper dans l’étroit studio, en compagnie de Yumiko, de Frédéric son coloc parisien ainsi que d’une de ses amies d’enfance, de passage avant de revenir à Hemmingford.

Laurent était un exemple magnifique de la jeunesse d’ici et de ce temps, très enracinée au Québec mais sans les crispations identitaires de notre génération. Résolument bilingue et ouvert sur le monde, il avait déjà commencé à le sillonner avidement, tant géographiquement et intellectuellement que par la diversité de ses contacts et amitiés.

C’est en accompagnant notre fils dans sa douleur, en tentant de trouver comment accepter l’inacceptable, que quelques images nous sont venues, mince baume encore mais baume tout de même, que nous souhaitons partager avec vous tous, qui comme nous l’avez tant aimé.

L’appartement parisien où habitait Laurent est à un coin de rue du cimetière du Père Lachaise. Un cimetière c’est triste mais à Paris, le père Lachaise est un lieu superbe, le plus grand espace vert de la capitale et il sert au moins autant de parc public que de dernier repos. Nous y avons passé des dizaines d’heures quand nous habitions Paris, Francine surtout, carnet de croquis et caméra en main. L’image ci-jointe est la photo d’un détail d’une porte de chapelle funéraire; derrière l’étoile, en creux, on distingue le reflet lumineux du vitrail à l’intérieur.

L’image de l’étoile, à la fois de la « star » qu’était à sa manière Laurent et de l’étoile filante, est en effet celle qui nous revenait le plus quand on pensait à lui et parlait de lui depuis ce dimanche fatidique. Mais une étoile filante, ça disparaît trop vite. C’est alors que l’idée de la bonne étoile est arrivée, en cherchant le texte de la magnifique chanson de «M» arrangée en duo virtuel par Ariane Moffat; un autre exemple de ces aventures intercontinentales qui représentent si bien ce qu’était Laurent. Une bonne étoile, ça dure. C’est là-dessus que Michel a écrit un court texte, ci-joint, que l’émotion trop grande l’a empêché d’aller livrer lors de ce très bel hommage rendu à Laurent dans son église natale. Le texte de la chanson de M est aussi joint.

Alors, la prochaine fois que vous regarderez les étoiles …

Francine Courchesne et Michel O’Neill

Étoile filante
Brillance fulgurante
Poussière de lumière scintillante
Tracé fugitif dans l’infini glacial
Clin d’œil de l’au-delà
Éclair qui révèle le chemin
Bonne étoile qui inspire à jamais
Laurent, étoile filante
Michel O’Neill,
Lévis, 22 avril 2006

La bonne étoile

Terrien,
Juste une poussière
Dans un système solaire
Une chose mystérieuse

C'est rien,
On est tous un peu flous
Pas sûrs de nous du tout
Dans la nébuleuse

Ce soir, en regardant les étoiles
J'ai vu dans le ciel
Quelque chose qui brille, brille, brille

À la belle étoile
Quelques étoiles filantes
Et toi la bonne étoile
Autour de toutes ces figurantes

Visible,
À l'oeil nu si on veut
Il fallait ouvrir les yeux
Sur ce point lumineux

J'étais à des années lumières
De penser qu'un jour
Je pourrais y croire, ça m'sidère
Ce désir qui monte en moi

À la belle étoile
Quelques étoiles fuyantes
Et toi la bonne étoile
Autour de toutes ces figurantes
Et toi la bonne étoile

M (Mathieu Chédid)