13 mai 2006

Vive l'amitié

Ne pas perdre le contact avec les ami(E)s est un des trésors humains dont le prix n’a rien à voir avec les pétro-dollars. Une amie parmi les plus anciennes que j’aie, Jocelyne P., a perdu sa mère le 6 mars dernier, des suites d’une longue maladie. Son père est décédé subitement, il y a une trentaine d’années et elle a perdu une jeune sœur dans la vingtaine d’un mal incurable dans les années 70. Elle est des femmes que j’aime et que j’aimerai toujours parce qu’aimées un jour, comme Manon, Claire, Françoise(s), Renée, Monique(s), Suzanne, Louise(s) et Michèle, cela va de soi, la mère de mes deux enfants. Jo enseigne le français à l’université McGill. Je ne l’ai pas revue depuis ma traversée de l’Atlantique: 2003.

''Ton Laurent n’est plus et ce qu’il laisse de très précieux pour tous est son grand désir de paix et d’amour. Ton Laurent n’est plus et il est vrai que plus jamais tes bras n’enlaceront celui qui était ton fils. Ton Laurent n’est plus mais son aura dorée des grands spirituels de ce monde survivra. Ton Laurent n’est plus mais il te laisse avec tout cet amour que tu lui témoignes encore. Ton Laurent, ton fils, t’a donné toutes les joies et tu portes en toi ce fils qui devient immortel par la pensée.

Ma mère n’est plus mais nous avons eu, pendant sa maladie, tout ce temps de rapprochement, de complicité. Ma mère n’est plus mais nous avons fait la paix avec des larmes mais aussi des sourires. Ma mère n’est plus mais, ses derniers mois, malgré une qualité de vie très diminuée, de grandes souffrances elle laisse un exemple de courage, de détermination.

Et voilà que je m’interroge.

Pourquoi Laurent si jeune? Pourquoi Nycole si jeune? Ma grand-mère a dit à la mort de Nycole : «Cette enfant a eu tout l’amour d’une vie en peu de temps et elle le rendait bien». Morts dans des circonstances très différentes, à des époques très différentes mais n’avaient-ils pas en commun tout cet amour?

Pourquoi Laurent sans préparation à la séparation définitive? Pourquoi mon père sans préparation à la séparation définitive? Pour ma part, je n’avais rien à pardonner à mon père et, je crois, rien à me faire pardonner du fait de son amour inconditionnel. Cependant, comme rien ne nous prépare à cette triste réalité, la séparation brutale est «inacceptable».

Pourquoi tout ce temps avec ma mère qui sait qu’elle va mourir et qui a besoin de soin, d’amour? Peut-être pour l’aimer davantage, peut-être pour devenir la mère de ma mère, peut-être pour comprendre véritablement le fait d’être mère : faire de son mieux, faire avec ce que nous sommes.

J’ai porté mes morts en terre mais je porte leurs souvenirs toujours vivants.

Il y aura toujours un premier jour spécial, un premier jour anniversaire sans eux. En ce jour de Pâques (de réunion familiale, de bonne bouffe, de discussions intéressantes), je sais comment tu dois te sentir et je sais que la présence des autres ne comble pas le vide.

P.S. : Je pense aussi à Michèle et à Gabrielle.

Laurent : ton fils,
Laurent : son fils,
Laurent : son frère.
Et Laurent : ami, camarade… pour tous ceux qui l’ont connu.
Je ne sais de Laurent que ce que tu as pu m’en dire : je sais peu … mais je sais…''
Bises
Jo.