05 octobre 2008

PEKING UNIVERSITY

Étrangement, je me promène dans cette ville en toute sécurité.
En ce vendredi après-midi, j’entreprends calmement un autre pèlerinage : l’université de Péking. Il me faut visiter l’amphithéâtre dans lequel s’est tenu le Disarmament and International Security Committee (DiSec) dont Laurent faisait partie; l'emplacement de sa tenue est numéroté par le chiffre 8 encerclé, en plein centre de la carte du campus, au verso du Manuel de la conférence. Rappelons que ce 15e WORLD MUN est organisé sous l'égide de Harvard University.
Caméra en main, je descends de taxi en face de la bibliothèque universitaire, un immense bâtiment, sis en plein centre du campus. Le trottoir est tellement large que deux véhicules s’y sont garés parmi une collection de bicyclettes. Après avoir gravi une vingtaine de marches, j’y entre, croyant pouvoir parvenir de l’intérieur au Hall de lecture du sud, portant ce numéro 8.
À l’entrée, entre deux immenses portes, une vitrine d’objets perdus à laquelle je jette un coup d’œil : cahiers de notes, souliers de courses, cartes d’identité, casquettes, foulards, crayons, calculatrices, porte-documents, menues monnaies…Quelques autres marches, d’autres portes, et c’est aussi silencieux que dans une cathédrale, bien qu’y circule une trentaine de personnes. Pendant que j’examine la vastitude de ce hall d’entrée, un gardien attend que je m’approche de lui. Je finis par lui indiquer l’endroit que je cherche à l’endos du Manuel de la conférence. Il me fait signe de ressortir et de prendre à droite; c’est sur le coin de l’édifice, comme sur le plan. Bonne idée, puisque de cette terrasse, devant les portes centrales, j’aperçois l’étendue de la large avenue qui se perd au loin, en direction de l’ouest de la capitale, dans le brouillard retombé. L'avenue des Champs Élysées, l'air de rien!!!
Au coin sud de la bibliothèque, déception. La porte vitrée est barrée. Je jette un coup d’œil. Personne. Je frappe de petits coups à deux reprises, avec ma bague. Un vieux monsieur apparaît, suivi d’un plus jeune. Ils viennent m’ouvrir. Ne parlant pas anglais, je leur montre mon trépied de caméra leur faisant signe que je veux filmer dans l’amphithéâtre, repéré sur la droite, grâce à une des trois portes ouvertes. Ils m’accompagnent; le vieux monsieur va mettre l’éclairage et sort avec son acolyte, me laissant seul dans cette salle vide.
Nouveau silence. C’est en ce lieu, que mon fils s’est épuisé à débattre des meilleurs protocoles pour prévenir la transmission d’armements et de technologies nucléaires à des organisations terroristes, sous l’œil vigilant de MERRIL LYNCH & CO, commanditaire officiel.*Je m’installe et fais quelques images de cette salle vide un peu religieusement, je dois le dire.
Et voilà que le jeune chinois s’amène à mes côtés, avec une caméra qu’il s’empresse de monter sur son trépied, pointée en direction de la scène. Que fait-il là? Son appareil me semble beaucoup plus perfectionné que le mien. Il me signale en geste qu’il est impressionné par la dimension miniature de la mienne. Quelle étrange situation? Il doit bien se demander en quoi cet auditorium vide peut m’intéresser. Mais comment lui expliquer ce que je fais là?
Pendant que je me plie armes et bagages, il fait de même et me tend la main en guise d’adieu sans doute. Il va éteindre.
En me retirant, je réinstalle le trépied, près de la sortie.
La lumière du jour éclaire le hall par un mur constitué de grandes baies vitrées; deux plantes tropicales en santé, vigiles silencieuses de tant de brouhahas passés et à venir, font face aux portes maintenant closes. J’ai atteint mon objectif. Je marche dans les traces de Lo et emporte avec moi ce souvenir.
À la sortie, à droite, des sons extérieurs de basketball.
Je vais m’arrêter là. Au travers de la clôture grillagée, à la main, je capte d’autres images de jeunes hommes dans la vingtaine se disputant en équipe un ballon à enfiler avec adresse dans un panier suspendu. C’est Seb, l’ami de Lo sur Sainte-Élizabeth, qui serait content de voir comment les universitaires de Beijing se débrouillent au basketball.
Pour moi, c’est le son d’un ballon qui bondit sur un panier orange, acheté chez Canadian Tire, fixée à la remise arrière de la maison, qui fuit sans que je puisse le rattraper. Lo en a passé des heures à dribler et à s’élancer dans les airs autour de ce cercle magique avant d’aller parfaire ses feintes avec ses amis du village Carlos, Bryan, Olivier, Christian dans la cour de l’école Saint-Romain. Comme il en a passé des heures avec la carabine à plomb d’Olivier, son arc, ses bâtons de golf, son bâton de hockey à viser des cibles avec le plus de précision possible en attendant l’appel du souper!!!
Une longue marche, la mienne, autour d’un lac dans le grand parc au nord de la bibliothèque où l’on peut lire en latin et en chinois le nom de différentes espèces d’arbres sur des piquets, se termine sur banc libre. De temps en temps, une bicyclette passe devant et trouble le regard que j’ai sur la pagode d’une île en face.
Si Laurent avait pu prendre le temps de s’arrêter là, il serait encore vivant.
Hélas!!! La jeunesse a d’autres cibles à viser et pulsions à satisfaire.

*Intégral du Manuel de conférence: "With client assets of approximately US$1.8 trillion, Merrill Lynch is the leading planning-based financial advice and management firm for individuals and corporations. Through Merrill Lynch Investment Managers, the company is one of the world's largest managers of financial assets, with assets under management of US$544 billion." Page 12.

Bank of America Buys Merrill Lynch, Creating Unique Financial Services Firm

Combines Leading Global Wealth Management, Capital Markets and Advisory Company With Largest Consumer and Corporate Bank in U.S.

Charlotte, September 15, 2008 — Bank of America Corporation today announced it has agreed to acquire Merrill Lynch & Co., Inc. in a $50 billion all-stock transaction that creates a company unrivalled in its breadth of financial services and global reach.

RIEN À VOIR AVEC LA CRISE FINANCIÈRE AUX USA, C'EST SÛR.