20 juillet 2008

LE DERNIER EMPEREUR

C’est dimanche. Après un copieux déjeuner (Je peux ainsi sauter le repas du midi), un taxi me dépose au sud-est de la Place Tienanmen.
Il est tôt; je tiens à saluer religieusement le président Mao Zhedong et ne pas attendre des heures en file pour avoir accès au Mausolée où il est exposé dans un cercueil en verre; cet immense bâtiment fait face à la Grande Maison du Peuple. J’ai pu apercevoir un quartier complet de hutongs, masqué par de hautes clôtures métalliques, que des entreprises immobilières ont commencé à démolir ou à rénover, comment savoir?
Devant le monument aux héros du peuple que Laurent a déjà photographié, je rencontre le couple de professeurs américains avec qui j’ai passé la journée d’hier; ils cherchent le musée de la Planification de Beijing et m’apprennent que le mausolée est fermé pour une raison inconnue. Mao pourra dormir en paix ce dimanche 6 avril; son regard bienveillant, pétrifié sur une immense peinture, plane au-dessus de la Place; elle est suspendue à l’entrée principale de la Cité interdite que je compte visiter un peu plus tard.
Le bracelet de ma montre est brisé; je traverse une rue latérale voir si je pourrais en trouver un dans les multiples boutiques touristiques; je devrai m’y prendre d’une autre manière. La traversée du grand boulevard doit se faire par un large tunnel en rénovation; le bruit des marteaux-piqueurs est assourdissant et la poussière se répand malgré les rideaux de plastiques translucides; nous marchons, certains les mains sur les oreilles ou l’une sur la bouche.
L’air pur (!) de la sortie est rafraîchissant. Il faut peu de temps pour que je sois encadré cette fois par deux jolies étudiantes : l’une en histoire et l’autre en arts plastiques veulent aussi pratiquer leur anglais. Maintenant, je m’attends qu’après les formalités d’usage, elles me proposent de m’amener ailleurs, mais lequel. Allons y par curiosité et aussi parce que la solitude commence à me peser un peu. En quelques minutes, je me retrouve dans une galerie d’art attenante au Palais de la Culture; la jeune peintre y a quelques œuvres d’accrocher genre grand héron, bord d’étang, arrière-plan de bambous. La décision est facile; rien ne m’intéresse de cette exposition très traditionnelle. Je sors; elles aussi et repartent à la chasse.
Après avoir franchi les portes de la Place, sous la peinture de Mao et traversé un des 5 petits ponts enjambant un canal, je suis approché cette fois par un petit homme, dans la quarantaine; je comprends qu’il m’offre une visite en triporteur de la Cité interdite et qu’il s’occupe des billets pour tel prix. Ce me semble raisonnable. Je le suis dans un dédale de ruelle jusqu’à sortir des murs, traverser la rue longeant la Cité à l’est, s’engager dans le quartier de hutongs déjà visiter la semaine dernière; enfin son triporteur est là parmi plusieurs. Je m’assois. Il part; je revisite le quartier, en sors, traverse un autre boulevard, me conduis à un parc, la Colline de Charbon dont il paie l’entrée. Il doit laisser son véhicule à l’extérieur; les allées sont larges; un homme âgé calligraphie sur l’asphalte des signes avec un grand pinceau et de l’eau; un attroupement entoure paisiblement deux couples qui dansent un tango dont la mélodie s’échappe d’un radio-cassette; plus loin des dames âgées font leur tai-chi. Nous entrons dans un pavillon : c’est un autre salon de thé. Décidément, c’est le troisième. Nouvelle cérémonie. C’est sensiblement la même partout; là, comme hier, c’est gratuit si j’achète quelque chose. Pour des objets identiques, les prix sont plus de la moitié plus bas. Je suis preneur et reviendrai avec des tasses de différents formats et en mémoire un nouveau rituel culturel.
Au sommet de la Colline, à partir d’un petit temple en droite ligne avec les Palais de la Cité interdite, la vue est féerique. On a l’impression d’avoir la Chine à nos pieds.
Au retour, le guide me réclame 3 fois le prix convenu au départ; je règle pour la moitié.
J’entrerai dans la Cité interdite par l’arrière, après avoir longé le mur à l’est, et le large canal, partie des douves, qui longe le mur du nord. C’est là que les empereurs de la dynastie des Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911) s’assuraient indéniablement que leurs nombreuses concubines ne puissent être fécondées que par eux seul; la cour intérieure de cette Cité était surveillée et administrée par des eunuques; ils en profitèrent pour s'accaparer longtemps d'une large aprtie du pouvoir pendant que l'emperur batifolait dans ses jardins...
http://www.tv5.org/TV5Site/dotclear/index.php/Chine-cite-interdite-palais-imperial-des-dynasties-ming-et-qinghttp://www.chine-informations.com/guide/les-eunuques-en-chine_2164.html
http://www.azureva.com/chine/magazine/pekin/beijing-cite-interdite-FAQ.php3
Un audio-guide me permet de saisir en partie l’histoire de ce lieu mythique dont Bernardo Bertolucci a été le premier cinéaste occidental à bénéficier pour le tournage de son film, Le dernier Empereur en 1987; il remporta 9 Oscars dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation.
Après trois heures de marche, je me retrouve à la sortie, épuisé où rapidement deux étudiants veulent se joindre à moi…
-Vous voulez pratiquer votre anglais?
-Oui…
-Vous êtes étudiants en histoire?
-Oui…
-Où avez-vous l’intention de me conduire?
-…
Sur ce, ils me faussent compagnie, sans plus…
Demain…Au boulot.