15 décembre 2008

EN MONTAGE


Le 5 décembre, Laurent aurait eu 25 ans.
Tom Whyte est venu souper; c’était son ami d’enfance du voisinage.

La semaine auparavant, j’avais loué un magnétoscope avec lequel j'ai pu transférer sur un disque dur le matériel qu’avait filmé Serge Giguère et sa fille Catherine, à l’occasion des funérailles , ainsi que celui tourné en France et en Chine.
Deux DVD avaient été gravés à l’ONF, avec la complicité de Nicole Hubert, une productrice des Productions du Rapide-Blanc. Malheureusement, le code temporel n’y était pas inscrit; il m’était impossible de synchroniser les deux caméras qui avaient pourtant roulé simultanément.
Grâce à mon ami Hugues Tremblay, j’ai compris que je n'avais d'autre choix que de retracer les originaux. Ça prit le temps qu'Il fallait. Il me reste encore à stocker les images qui ont été filmées à Paris par Lionel Cauchois, un cousin de mon filleul Alexandre; n'ayant pu programmer adéquatement le magnétoscope loué, l'opération de transférer ce matériel enregistré en PAL se fera plus tard. Hugues va me prêter sa caméra pour le faire. La mienne a rendu l'âme. Elle m'accompagnait depuis février 2002 et avait servi entre autre sur l'Atlantique.

J’avais trop hâte de débuter enfin le montage du film que je veux faire sur Laurent.
Le 7 décembre, j’ai commencé par les funérailles.
Serge et Catherine ont vraiment couvert l’événement avec beaucoup de sensibilité et de générosité.
Je veux y aller au rythme de l'énergie dont je dispose. C’est commencé. J'ai assez procrastiné.

***

Entendu cette semaine à la radio, une entrevue du comédien français Patrick Chesnay qui a perdu son fils en octobre 2006 dans un accident routier. Il a fait un film , fondé une Association et écrit un livre qu'il vient de lancer.

IL EST OÙ FERDINAND? ou Journal d'un père orphelin.
Mon fils Ferdinand s'est tué sur le périphérique à 3 h 19 du matin, le vendredi 13 octobre 2006. Il avait eu vingt ans la semaine précédente. Le 5. Il ne conduisait pas mais le conducteur avait bu. Ils se sont embarqués dans le mauvais sens du périphérique. Le lendemain de son enterrement, où il y avait eu une succession de célébrations très belles, un ami m'a dit que grâce à cette journée, Ferdinand avait vécu quelques années de plus. Cette réflexion m'a beaucoup troublé. J'ai alors décidé d'essayer à mon tour de faire vivre mon fils en écrivant au jour le jour tout ce qu'il me restait de lui. Au fil des tournées en province, des villes, des rencontres, des événements, des tournages de ma vie d'acteur, j'ai noirci des feuilles et des feuilles, où je racontais son enfance, son adolescence, nos rapports, l'incommensurable chagrin. C'est un ouvrage écrit comme ça, comme ça venait... Un ouvrage fait, je crois, de douleur et d'amour. Un ouvrage pour permettre à Ferdinand, mon fils bien-aimé, d'exister quelques années de plus. Peut-être.

http://www.myspace.com/associationferdinand