08 février 2009

EN MONTAGE 7

J'étais très frustré la semaine dernière. De ne pas avoir trouvé le temps de passer par ici pour y glisser quelques mots. Mais surtout parce que je n'avais pas réussi à sélectionner les plans de la 2e bobine du tournage à Paris.
Il s'agit d'entrevues à la fontaine de Médicis aux jardins du Luxembourg avec Barbara Villamate Lopez et Ruben Moreno Zavala. Ces deux étudiants de Sciences Po ont des choses fort intéressantes à me dire; elle est de Sararagosse en Espagne; il est du Mexique. Ils étaient à Beijing. Ils ne s'expriment pas aisément en français; j'aurais dû leur demander de me répondre dans leur langue maternelle et y appliquer plus tard des sous-titres.
J'ai mal mené ces entretiens; je les interromps fréquemment, leur souffle des réponses, évite les silences qui leur permettraient de retrouver la fluidité de leurs propos. C'est épouvantable de faire une sélection dans un matériel ravagé pas mes interventions non avenues; je n'y arrive pas; je dois repousser l'échéance.
Je prends du retard?
Par rapport à quoi? Le temps a peu d'importance. Je n'ai aucune pression extérieure. Ici, le plus difficile est de vivre avec ses erreurs, ses faiblesses, de renoncer à ce que c'aurait pu être si... Je dois oublier l'énergie que j'ai eu à dépenser pour me rendre là... Les contraintes, la détermination, les efforts, les déceptions...
Car ceux et celles que j'aimerais un jour atteindre par le discours que j'élabore n'auront rien à foutre de ces épreuves.
Devant le petit ou le grand écran, on s'abandonne à un récit ; on s'éprouve dans l'écoulement d'un temps qui n'est pas le nôtre et qui pourtant s'adresse à nous. Le présent s'impose. Il n'y a que les amours mortes pour ralentir cette quête intérieure ou la mauvaise qualité de la réalisation pour se précipiter ailleurs.
Aujourd'hui, je me suis replongeai dans ces soixante minutes et j'en ai tiré 13 extraits
totalisant une quinzaine de minutes; je vais pouvoir faire une autre bobine vendredi prochain.