18 juillet 2009

EN MONTAGE 20

Avec Flora Boilot se terminent les interviews des étudiants à Paris.
Elle invoque le sentiment d’injustice.
Aujourd’hui, j’en suis loin.
Demain, il me rattrapera. À l’improviste.

C’est déjà fait en regards de toutes les causes derrière lesquelles je me réfugie.
Comme celle de l’Iran, pays d’origine de Soushiant, son ami, qui porte fièrement le vert du mouvement d’opposition.
Du même vert dont Yumiko avait confectionné les rubans, portés en insigne aux funérailles.

En visitant, hier, une amie atteinte d’un cancer au cerveau, je me suis fait demander où j’en étais avec le film? Elle espérait pouvoir le voir.
Il serait temps que je me fixe une échéance.
Le 3 avril 2010. Peut-être sera-t-elle encore là?
Et moi-même?
Qu’en sais-je?

Et vous, qui m’accompagner ?
Encore. En cortège distancié.
J’aimerais tellement vous dire : « Ça achève…C’est fini. »
Comme on le dit au terme d’une longue maladie.

Vais-je y arriver?

12 juillet 2009

EN MONTAGE 19

Retour du travail sur la 202. Demain vendredi, congé.
Picotement du bout du nez. Les larmes ne sont pas loin. Encore. Je vais passer au cimetière faire le tour de la tombe que Michèle entretient méticuleusement.
Rien à lui dire. En colère seulement. Contre lui. Ça m'arrive sans savoir comment, pourquoi.
À la radio: des étudiants iraniens de nouveau dans la rue; du courage au péril de leur vie. Au G8, Sarkozy cherche à attirer les feux de la rampe de son côté, imagine une attaque israélienne sur Téhéran: " Ce serait une catastrophe...". Comme si on avait besoin de vous pour le savoir, dramaturge de foire médiatique.
Sur Facebook, anniversaire de Jan-Christoph Hauswald, demain 10 juillet. Bizarre de hasard; c'est son interview que je saucissonne demain. Dernier étudiant à avoir vu Laurent vivant. Il l'a laissé à la clinique SOS International vers huit heures du matin, à la demande du médecin traitant, allemande comme lui. Après y avoir passé la nuit. S'est endormi dans le taxi qui le ramenait à l'hôtel pour apprendre que Laurent venait de s'enfuir... Sans un sous en poche.

La sélection sur cette cette heure de matériel s'est étalée sur trois jours.
Jan-Cristof débite sa pensée avec précipitation. Pour tout dire. Ne rien oublier. En anglais. Cherche ses mots. Fort accent germanique. Intensité continue. Gestuelle rythmée par le martellement de ses mains.
Une seul type de ponctuation: un long ouf prolongé pour reprendre son souffle et repartir aussitôt. 21 extraits d'une durée entre 27 secondes et 9 minutes. Le décantage devra se poursuivre autrement.
Ouf...à mon tour.

05 juillet 2009

MONTAGE 18

Seize plans sélectionnés avec Mekki Lahlou. Il était aussi de McGill ,un ami de Rosalie-Anne T., mais qui n'avait rencontré Laurent qu'à Paris. Au MUN, il est dans le même comité, mais ne prend pas au sérieux cette simulation onusienne. L'entrevue d'une heure a été faite dans une cour intérieure de l'École des Beaux-Arts, en soirée. Tant et si bien que les dernières images sont sous-exposées. Un test pour les éclaircir. Je ne veux pas travailler pour rien. Ça fonctionne.
Sa gestuelle des mains est intéressante, lui donne un air passionné. Quand il se décide à bouger. Comme les images s'assombrissent graduellement avec la tombée du jour, ce qu'il raconte prend des allures plus dramatiques; vais-je pouvoir mettre à profit cette imperfection?
Il a été le premier avisé par l'ambassade canadienne du décès de Laurent et a dû l'annoncer aux autres. Première expérience de négociation avec la mort. A peur. Ne craque qu'au décollage quand il devient évident qu'il laisse un collègue, un ami, un frère derrière lui.
Il est passé à la maison avant que je ne me rende à Paris.
Me reste à devoir faire face à deux entrevues.