19 octobre 2008

FINALE

En soirée, j’emmène dîner Xiao et Alyssia, deux jeunes étudiantes qui avaient fait connaissance avec Laurent à l’occasion du MUN. À ma demande, elles ont choisi le restaurant. C’était l’un des préférés de Mao qui y aurait mangé avec Nixon, en 1972. Malheureusement, des deux premiers plats, spécialités de la maison que nous choisissons, il n'en reste pas au menu. Ce que l’on choisit est quand même convenable et abordable. Les étudiantes savent que nous devons passer à mon appartement après le repas; je veux faire une entrevue et leur montrer les photos du MUN qui sont dans l’ordinateur de Lo. Mais, chaque fois que je viens pour leur adresser la parole, je me mets à tousser. Je suis très fatigué et de plus en plus. Je ne m’endors pas, mais je sens bien qu’il me reste très peu d’énergie. Plus le repas avance et plus il m’est difficile de poser des questions, de faire la conversation. Je peux à peine parler. Elles m’entretiennent abondamment de leurs études, de leurs parents, de leurs amis; Alyssia a une amie qui étudie le cinéma. Elles n’ont pas l’air de se douter le moins du monde comment je me sens las.
Nous ne nous attarderons pas au restaurant. À la descente du taxi, au bas de mon appartement, je sens qu’elles sont disposées à monter. Je suis au bout de mon rouleau; je ne vois pas comment j’arriverais à monter au quatrième, installer le trépied, la caméra, le micro et poursuivre cette conversation. Je renonce à mon intention de ramener d’elles des images et de partager celles de Laurent. Je suis exténué. Je leur explique avec le filet de voix qu’il me reste ma déception de devoir les quitter ainsi. Elles semblent déçues; il est à peine 21h00. Je suis au bout de mon rouleau; je suis allé au bout de mes ressources. Nous devrons en rester à ces dernières embrassades.
Au réveil, je suis complètement aphone et dois rentrer ainsi au pays.

13 octobre 2008

LE BASTION MERVEILLEUX DE SYLVIE

On est samedi. Je pars demain.
Pendant la préparation de ce voyage, j’ai pris contact avec deux étudiantes chinoises qui étaient sur le même comité que Laurent (DISEC). Yue Xiao, par sa carte d’affaire. Par hasard, j'ai repéré Sylvie Luk sur Google. Je tentais de retracer le site officiel du World MUN 2006. Hélas, autant du côté de l’Université de Péking que de celui Harvard, le site officiel a été aboli, détruisant ainsi données, forum, opinions, enjeux. Étonnant tout de même de supprimer l’histoire de la première simulation onusienne à se tenir en Asie!!!
Ce n'est pas tout. Malgré plusieurs demandes auprès du président du Comité, Aneesh Venkat, pour obtenir la résolution finale à laquelle Laurent avait contribué, malgré les promesses répétées de ce président, le résultat ne m'a encore pas été acheminé.
C’est pendant cette recherche que je suis tombé sur le blogue de Sylvie Luk: Le Bastion merveilleux de Sylvie, http://kcreed.spaces.live.com/
Toujours actif, elle l'a créé en octobre 2005.
Au 28 mars 2006, je retrace ce texte dans ses archives.

I know nothing but I am learning
To Address A thing or Two in My First Havard MUN
2nd day in Havard MUN.
Dying, confused, dull, painstaking, shocking.
A mixed feeling game.

Having never thought of a culture shock to appear on me,
but now I come up with one.
Never think of everything too ideally,
never treat everything too ideally.
Don't think of an excuse for yourself to cover up your done mistakes,
don't think it is nature you're weaker than others cuz you're young.
If you are, so are they.

The "I know nothing but I am learning" attitude really deserves recommending.
But I have got to change.
Bitter change.

realizing that all the years gone were actuall spoiled is bitter.
Bitter still to carry out certain adjustment that you may never know if they'll be right or wrong unless for another 20 years.
Quite challenging and tough.
But I have to do it.
Just for another unknow maybe brilliant years to come.

3rd day in Havard MUN.
Continue to feel dying,desperate,but less confusion.
They're trying to address something that I've never heard before,
and I decied that I'm not gonna say anything in front of the crowd.
For today, and the following days.
Just try to bear the uncomforts in this committee.
Quit the 4th session in the afternoon.

4th day in Havard MUN.
I start to feel much relaxed,
cuz I know I'm not the worst and I do learn.
There's so much to learn which is obvious,
however in the mean time,
I feel that I've got little reason to be humble as I did in the previous days.
Being put in a world which is full of English or whatever non-native languages,
I will manage to speak it fluently so as to fully express myself.
And I have done whatever I can to the best I can offer,
expect for my impolite absence yesterday.

Final day in Havard MUN.
The 2nd resolution which is drafted by the Latin America and Afican group is passed.
I didn't know if it is just kind of a matter of form or,
delegates finnally reached a world-wide agreement upon disarmament.
Comparing to other commitees,
DISEC seems to be a bit pale.
People kept expressing their own opinions without listening to others in a sense.
But, Adriana, the Venezuela girl remained enthusiastic all through the time.
I adored and appriciated such kind or girl who's gonna embrace the whole world rather than embrace herself.
Try harder to be a girl like this in the following 2 years.
I will try.
Yes, I will, definitely.

Now I'm gonna talk about something exactly to the point to address a summary for this torturing week in Havard MUN.
今晚终于结束了整个MUN,至少,形式上是的.
Lovely Night Club真的很棒,很正规而且很有规模,只是花了我96RMB...有点为广大吃不上饭的中国贫苦人民呐喊的感觉---没想到参加个学术性的活动也要被外国人剥削...由于Adia和我还有两位男士都觉得"忒"没有意思,所以我们四个就只好回来了...有点灰溜溜的老处女找不到人投靠的感觉...
Anyway, it finally marks the end of a unforgettable international competition. Since I have so much to deliver, that I hardly don't know where to start with. So I now decide to talk about them bit by bit, ppl by ppl.
On est samedi. Je pars demain.

L’Adriana dont elle parle était dans l’équipe de Laurent.
Je communique donc sans gêne avec Sylvie par courriel. Elle m’avoue ne pas avoir connu Laurent mais m’invite à la rencontrer quand je serai à Beijing. Nous nous retrouvons donc ce 14 avril au Palais d’été.
Je suis là vers 13h30. Nous nous sommes donnés rendez-vous à la Porte de l’Est. Seul, blanc, grand et âgée, elle me repère facilement. Elle a un cadeau pour moi. Je ne l’ouvrirai que plus tard; j’ai lu dans un guide touristique que c’était la coutume en Chine de procéder ainsi.
Passer tout l’après-midi dans ce jardin enchanteur, classée en 1998, Patrimoine mondial par l’UNESCO, aux côtés d’une universitaire m'offre le plus beau moment de ce voyage. Sur plusieurs des sujets abordés, j’ai le sentiment que Laurent m’aurait tenu un discours similaire.
Elle étudie en relations internationales, mais voudrait gagner sa vie avec la photographie. Ses parents préféreraient qu’elle soit en administration. Nous échangeons sur le contexte mondial, sur l’environnement. Elle maintient que son gouvernement considère prioritaire de contrer la pollution.
Son anglais est meilleur que le mien.
Elle rigole franchement de moi, quand voulant faire état de mes connaissances historiques sur "la contradiction principale et l’aspect principal de la contradiction" et croyant citer Mao, je me fais vertement corrigé; il s’agirait plutôt de Marx.
Une seule question l'a un peu agacé.
-Croyez-vous que le gouvernement Chinois veut encore ériger une société sans classe?
-Ça ne m’intéresse pas de parler de ça.
Inutile de poursuivre.
Elle s’inquiète pourtant de l’individualisme croissant et de l’importance accordée au statut social. Tout le monde envie celui qui affiche le plus de possession; ce que l’on a, a préséance sur ce que l’on est et sur ce que l’on pense. Ici, comme ailleurs règne désormais la consommation. L’argent apparaît maintenant comme la valeur la plus importante. Elle se préoccupe aussi de la vitesse à laquelle les changements s’opèrent même si c'est avec une certaine fierté
qu’elle voit son pays rivaliser avec l’Amérique en urbanisme, architecture et économie.
J’ai l’impression que sa plus profonde appréhension concerne les effets de la mondialisation sur l’identité culturelle chinoise. Leur mode de vie est affecté. Surtout en ville, il est vrai. C’est saisissant de voir venir vers soi des centaines de personnes toutes vêtues différemment , au goût du jour, comme sur la rue Sainte-Catherine ou sur les Champs Élysées; il y a 20 ans, elles auraient toutes été habillées pareil. Je m'étonne de la franchise, de la spontanéité et de la liberté avec laquelle elle s'exprime.
Après avoir déambulé dans les galeries et temples centenaires, gravi les collines érigées avec la terre des lacs creusés, longé des allées bordées de cerisiers en fleurs, enjambé un bras d’eau par le pont aux 17 arches avec ses balustrades sculptées de petits lions en pierre à tous les 10 pas, contemplé les cerfs-volants dirigés par des personnes âgées en fauteuil roulant, surveillé l’accostage des gondoles du lac Kunming, il faut rentrer. Déjà 17 h 00 heures. Sylvie me ramène à un grand boulevard où il me sera plus facile de prendre un taxi; en s'y rendant, elle me montre la grande École des cadres du Parti.
Dans ma chambre, je déballe le cadeau : deux livrets de papiers découpés folkloriques.

05 octobre 2008

PEKING UNIVERSITY

Étrangement, je me promène dans cette ville en toute sécurité.
En ce vendredi après-midi, j’entreprends calmement un autre pèlerinage : l’université de Péking. Il me faut visiter l’amphithéâtre dans lequel s’est tenu le Disarmament and International Security Committee (DiSec) dont Laurent faisait partie; l'emplacement de sa tenue est numéroté par le chiffre 8 encerclé, en plein centre de la carte du campus, au verso du Manuel de la conférence. Rappelons que ce 15e WORLD MUN est organisé sous l'égide de Harvard University.
Caméra en main, je descends de taxi en face de la bibliothèque universitaire, un immense bâtiment, sis en plein centre du campus. Le trottoir est tellement large que deux véhicules s’y sont garés parmi une collection de bicyclettes. Après avoir gravi une vingtaine de marches, j’y entre, croyant pouvoir parvenir de l’intérieur au Hall de lecture du sud, portant ce numéro 8.
À l’entrée, entre deux immenses portes, une vitrine d’objets perdus à laquelle je jette un coup d’œil : cahiers de notes, souliers de courses, cartes d’identité, casquettes, foulards, crayons, calculatrices, porte-documents, menues monnaies…Quelques autres marches, d’autres portes, et c’est aussi silencieux que dans une cathédrale, bien qu’y circule une trentaine de personnes. Pendant que j’examine la vastitude de ce hall d’entrée, un gardien attend que je m’approche de lui. Je finis par lui indiquer l’endroit que je cherche à l’endos du Manuel de la conférence. Il me fait signe de ressortir et de prendre à droite; c’est sur le coin de l’édifice, comme sur le plan. Bonne idée, puisque de cette terrasse, devant les portes centrales, j’aperçois l’étendue de la large avenue qui se perd au loin, en direction de l’ouest de la capitale, dans le brouillard retombé. L'avenue des Champs Élysées, l'air de rien!!!
Au coin sud de la bibliothèque, déception. La porte vitrée est barrée. Je jette un coup d’œil. Personne. Je frappe de petits coups à deux reprises, avec ma bague. Un vieux monsieur apparaît, suivi d’un plus jeune. Ils viennent m’ouvrir. Ne parlant pas anglais, je leur montre mon trépied de caméra leur faisant signe que je veux filmer dans l’amphithéâtre, repéré sur la droite, grâce à une des trois portes ouvertes. Ils m’accompagnent; le vieux monsieur va mettre l’éclairage et sort avec son acolyte, me laissant seul dans cette salle vide.
Nouveau silence. C’est en ce lieu, que mon fils s’est épuisé à débattre des meilleurs protocoles pour prévenir la transmission d’armements et de technologies nucléaires à des organisations terroristes, sous l’œil vigilant de MERRIL LYNCH & CO, commanditaire officiel.*Je m’installe et fais quelques images de cette salle vide un peu religieusement, je dois le dire.
Et voilà que le jeune chinois s’amène à mes côtés, avec une caméra qu’il s’empresse de monter sur son trépied, pointée en direction de la scène. Que fait-il là? Son appareil me semble beaucoup plus perfectionné que le mien. Il me signale en geste qu’il est impressionné par la dimension miniature de la mienne. Quelle étrange situation? Il doit bien se demander en quoi cet auditorium vide peut m’intéresser. Mais comment lui expliquer ce que je fais là?
Pendant que je me plie armes et bagages, il fait de même et me tend la main en guise d’adieu sans doute. Il va éteindre.
En me retirant, je réinstalle le trépied, près de la sortie.
La lumière du jour éclaire le hall par un mur constitué de grandes baies vitrées; deux plantes tropicales en santé, vigiles silencieuses de tant de brouhahas passés et à venir, font face aux portes maintenant closes. J’ai atteint mon objectif. Je marche dans les traces de Lo et emporte avec moi ce souvenir.
À la sortie, à droite, des sons extérieurs de basketball.
Je vais m’arrêter là. Au travers de la clôture grillagée, à la main, je capte d’autres images de jeunes hommes dans la vingtaine se disputant en équipe un ballon à enfiler avec adresse dans un panier suspendu. C’est Seb, l’ami de Lo sur Sainte-Élizabeth, qui serait content de voir comment les universitaires de Beijing se débrouillent au basketball.
Pour moi, c’est le son d’un ballon qui bondit sur un panier orange, acheté chez Canadian Tire, fixée à la remise arrière de la maison, qui fuit sans que je puisse le rattraper. Lo en a passé des heures à dribler et à s’élancer dans les airs autour de ce cercle magique avant d’aller parfaire ses feintes avec ses amis du village Carlos, Bryan, Olivier, Christian dans la cour de l’école Saint-Romain. Comme il en a passé des heures avec la carabine à plomb d’Olivier, son arc, ses bâtons de golf, son bâton de hockey à viser des cibles avec le plus de précision possible en attendant l’appel du souper!!!
Une longue marche, la mienne, autour d’un lac dans le grand parc au nord de la bibliothèque où l’on peut lire en latin et en chinois le nom de différentes espèces d’arbres sur des piquets, se termine sur banc libre. De temps en temps, une bicyclette passe devant et trouble le regard que j’ai sur la pagode d’une île en face.
Si Laurent avait pu prendre le temps de s’arrêter là, il serait encore vivant.
Hélas!!! La jeunesse a d’autres cibles à viser et pulsions à satisfaire.

*Intégral du Manuel de conférence: "With client assets of approximately US$1.8 trillion, Merrill Lynch is the leading planning-based financial advice and management firm for individuals and corporations. Through Merrill Lynch Investment Managers, the company is one of the world's largest managers of financial assets, with assets under management of US$544 billion." Page 12.

Bank of America Buys Merrill Lynch, Creating Unique Financial Services Firm

Combines Leading Global Wealth Management, Capital Markets and Advisory Company With Largest Consumer and Corporate Bank in U.S.

Charlotte, September 15, 2008 — Bank of America Corporation today announced it has agreed to acquire Merrill Lynch & Co., Inc. in a $50 billion all-stock transaction that creates a company unrivalled in its breadth of financial services and global reach.

RIEN À VOIR AVEC LA CRISE FINANCIÈRE AUX USA, C'EST SÛR.