29 mai 2006

Lettre de Laurent

Je n’ai rien inscrit sur ce blogue depuis plus d’une semaine.
Le temps me manque un peu ? Oui. Mais il y a autre chose.
Si l’auto-censure est un piège; se livrer, comme je le fais, peut l’être autrement.
Écrire porte à conséquence; ne pas écrire aussi. Certains propos peuvent être inappropriés pour certaines personnes. Désolé. Je n’ai pas l’intention de blesser qui que ce soit. Il me faut aborder mes hantises; je ne suis pas le seul à être affecté par les mêmes, hélas.
Qu'est-ce que la pudeur? Qu'est-ce que la dignité? La décence? Dans cet exercice, je ne réponds qu’à mon plaisir et ma douleur. Ceux qui s'amènent ici viennent faire plus ample connaissance avec Laurent et moi; dans mon esprit, ils cherchent à savoir, à comprendre mieux. Les assoiffés de morbidité ont bien d'autres espaces où s'abreuver.
Étrangement, j’aurai pris moins de temps à me décider à recommencer d'écrire ce blogue qu’à répondre à la dernière lettre de Laurent. Il est parti pour la Chine sans avoir pu en prendre connaissance; elle m’est revenu cachetée dans ses affaires. C’est le seul geste dont je me sens coupable quand je m’imagine qu’elle aurait peut-être pu lui sauver la vie."…Même si tu as l’impression de sombrer dans le grand livre des souvenirs de certaines personnes, d’autres personnes sur un autre continent te tiennent toujours en haute estime! J’ai rencontré, hier, une dame québécoise, qui te connaissait bien. Malheureusement ma mémoire étant ce qu’elle est je ne me souviens plus de son nom. Elle avait participé à la Cuisine Rouge, un film tourné chez Albanie Morin avec Jacques Leduc. Je devrais la revoir d’ici peu. J’en fais un devoir de te rapporter son nom!
Cette rencontre pour le moins inusitée _ à la délégation du Québec dans le cadre d’un discours sur la Montréalisation de Paris donné par le maire Tremblay_ jumelée à la lecture de ta lettre , il y a quelques instants , me porte à te demander une question, une réflexion sur un sujet qui me hante depuis longtemps. Je t’avoue que c’est la combinaison de plusieurs facteurs qui me poussent à te la poser aujourd’hui. Mais le facteur le plus important sans doute, c’est que je ressens dans ta lettre une paix intérieure; une sobriété, une modestie qui révèle un calme intérieur qui lui est, j’espère, le fruit, l’aboutissement d’une réflexion sur ta vie.

Ce que je te demande , c’est de m’expliquer, de me compter ta vie. Ce qui t’a mené vers le cinéma, mais aussi ce qui fait que tu l’as quitté.

Çà fait des années que je refoule cette question. Parce qu’au fond, je ne sais pas qui est véritablement mon père. Le résultat de ma propre volonté me mène aujourd’hui à une volonté contraire. Je veux savoir, je veux connaître les forces et faiblesses de la personne la plus importante dans la vie d’un garçon.

En d’autres mots, je veux apprendre de tes erreurs, de ton vécu, de tes 57(Sic) années d’expériences. C’est le plus beau, le plus généreux héritage que tu vas laisser. « Ta Vie » me permettra de faire la paix avec le seul ¨démon ¨ intérieur (Pour reprendre l’expression de Michèle, ma mère). Il y a beaucoup de moi qui en dépend.

Depuis quelques semaines, j’explore les opportunités de maîtrise et de projet de thèse de B.A., que je dois rendre en décembre prochain. Je crois que « Ta Vie » ne pourrait pas nuire à ce choix important que je dois bientôt faire.

Avec le récit de ta montée et celle de ta chute (ton dernier film et tes derniers jours à l’ACPAV, les mois qui ont suivi, la mort de ton père, etc.) je crois que je pourrais mieux cerner mes propres forces et faiblesses et ainsi tenter de les éviter lorsque j,en détecterai le ferment en moi ou les circonstances dans mon environnement.

C’est le plus beau cadeau que tu puisses me donner maintenant. S’il porte fruit, tu aurais raison de croire que c’est le plus beau cadeau que tu m’aies offert. Sur ces quelques pages que tu pourrais écrire, repère un grand nombre de décisions ou tout au moins de facteurs de décision. Après des années de spéculation de ma part, je veux la vérité vue à travers tes yeux!

N’aie surtout pas peur de me décevoir ou de me désillusionner. Pour moi, la vérité, je la perçois au sens Nietzchéen du terme, c’est-à-dire « des illusions dont la nature illusoire a été oubliée »."


"Moi, j'ai souffert d'épuisement. L'insécurité financière avait poussé mon niveau d'anxiété à sa limite. Sans revenu, il m'était devenu insupportable d'accepter le stress qui accompagne toute activité de création. Il m'a fallu la traversée de l'Atlantique et Une Histoire de Gars pour recharger les batteries de cette passion. Encore là, ce dernier film m'a coûté très cher. J'en suis venu à un cheveu de devoir hypothéquer notre maison. Heureusement, ta mère s'y est opposée.
Une des raisons qui font que je n'accompagne pas le voilier Cap Lib dans son retour vers Madère est que je n'ai pas trouvé un nouvel angle pour aborder cette nouvelle aventure; je ne tiens pas à refaire le même film. De plus, je termine mon emploi au CLSC le 7 avril prochain. Je ne veux pas prendre le risque d'un nouvel endettement. La sagesse de renoncer s'installe graduellement. Encore aujourd'hui et à mon âge, j'apprends encore à reconnaître mes limites.
Une de celle-là est le rapport à l'argent. Le tien ne m'apparaît pas semblable au mien et c'est tant mieux. Ton grand-père et ta grand-mère ont fait d'incommensurables sacrifices pour me permettre d'étudier. En mon temps, il n'y avait pas de prêts et bourses. En tant qu'aîné de 3 frères et 3 soeurs, j'ai été témoin des miracles que tes grands-parents ont dû faire pour nous loger, nous nourrir et nous vêtir. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à me départir de ce sentiment de pauvreté. C'est sans doute pour cela que la portée d'une frustration n'a pas de valeur à mes yeux. Il m'arrive de faire comme si elle n'existait pas. C'est tellement facile avec le crédit. Mais çà joue aussi des tours. La vie et la banque se chargent de nous le rappeler. Le reconnaître est quand même un commencement. Savoir que ta mère et moi avons pu t'épargner ce contexte me réjouit.
Pour le moment le retour de ta soeur me préoccupe davantage. Elle doit rentrer de Dallas en auto le 18 avril. Une nouvelle vie et un nouvel appartement l'attendent sur Sainte-Catherine dans l'est. J'espère qu'elle saura compter sur notre affection et la tienne pour affronter l'échec de son mariage. Elle a le mérite de savoir ce qu'elle veut et Dieu merci, elle non plus n'a pas le même rapport à l'argent.J'avais tu inconsciemment la raison principale de ma fuite du milieu du cinéma: l'orgueil. L'échec du montage financier du projet YAMACHICHE sur lequel j'avais besogné en développement pendant plus de 7 ans m'a rendu aveugle à tout ce que j'étais; j'en étais responsable; il me fallait en payer le prix.
Demain. Une réponse restée lettre morte: Ce qui m'a mené au cinéma.

19 mai 2006

LES REVES

Les rêves ne seraient-ils que des filtres à nos réalités?
Dans l'univers du numérique, un simple filtre du logiciel photoshop peut changer aisément le sens d'une photographie, pour ne pas dire qu'il en travestit l'essence même.

Mais que dire du deuil qui vient filtrer les idées reçues par le biais d'émotions à la limite de l'insoutenable? Étrangement, c'est dans l'univers cosmique que l'on bascule. Celui de l'énergie; celle qui flotte dans l'air ambiant de tous les jours et que les impératifs du quotidien enfouissent dans les replis de toutes les distractions et les fatigues imaginables. On pourrait croire que je deviens mystique, que je délire, que je suis prêt à me raccrocher à n'importe laquelle bouée de sauvetage, moi l'agnostique. Rassurez-vous, je me contente de constater.
Sur le répondeur, une amie de Michèle, Camille, en route vers Compostel avec son berrichon de compagnon et leur âne, laisse un message; il y est question d'un rêve dans lequel Camille valse avec Michèle, ma compagne et mère de notre fils.
Le lendemain midi, à l'heure du lunch, une collègue de travail, Jo-Ann, raconte qu'elle a rêver à moi la nuit précédente; JE la faisais danser et virevolter dans les airs.
Certains diraient que cela relève du domaine du hasard ou de la coïncidence. Ce genre de situation me nourrit en énergie et me conditionne davantage à la créativité. Il s'en est produit plusieurs depuis la mort de LO. Quand on dit que nous n'utilisons qu'une infime partie de notre cerveau, cela en est un exemple. Ma sensibilité et mes perceptions s'ouvrent sur de nouveaux horizons et me convainquent que tous les êtres vivants et la nature ont la possibilité d'être unis par cette force intangible mais non moins réelle. Ce n'est pas pour rien qu'une théorie scientifique prétend même qu'un battement d'aile de papillon à Paris peut engendrer un orage à Rio de Janeiro.
Autre anecdote? Michèle et moi rendons visite au marchand de monuments régional, à Ormstown.
Au départ, nous avions pensé à du marbre. Nous avons découvert qu'hélas, il s'use rapidement sous nos latitudes; très rapidement. Quand on repose en paix, c'est pour l'éternité.
Le granit s'impose. Pas seulement qu'ici, mais même en Égypte, du temps des pharaons.
Michèle arrive avec en tête l'idée d'un bloc de granit gris aplani mais non-poli, à l'arrière et à l'avant; je vais dans le même sens en ajoutant que j'aimerais que les autres faces soient brutes, ciselées, martelées.
Nous nous promenons à l'extérieur parmi des blocs de différentes formes et différentes tailles.
Soudain, Michèle s'arrête devant le seul monument de granit vert foncé; il est poli sur toutes les faces. Selon Yumiko, c'était la couleur préférée de Laurent; c,est pour cette raison que les petits rubans distribuées aux funérailles étaient de cette couleur. Mais, devinez d'où vient ce granit? De Chine. Là où Laurent est décédé.
Cela n'a rien à voir avec les rêves, vous me direz. Avec l'énergie en crise, c'est une probabilité. Puisqu'il s'agit de celle qui ne peut être mise en scène par ceux qui dominent le monde pour l'immédiateté et qui l'affecte négativement. Le réchauffement de la planète en est une preuve.
Faut-il que seul la mort nous rende sensible à ces phénomènes?

17 mai 2006

Citations

Quelques citations retrouvées dans le Journal personnel de Laurent et dans son agenda du temps qu'il étudiait au Collège du Vieux-Montréal.

«Je suis contre tous ceux qui croient avoir absolument raison.»
La plus belle phrase du siècle selon Romain Garry : la Marge humaine, p.20, note 1 .Dans Journal personnel, 03/11/2005

«If one is to be scared, or to be embarrassed by a dangerous situation, the possibility of security by action can be suggested.» Inconnu
Page de garde début, dans son Agenda 2001-2002

«Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne nous reste plus qu’à chanter.»Samuel Beckett, dans son Agenda, 30 avril 2002.


«Aussi longtemps que les outils fournis par un paradigme se montrent capables de résoudre les problèmes qu’il définit, la science se développe plus vite et pénètre plus profondément les faits en employant ces outils avec confiance. La raison en est claire. Il en est des sciences comme de l’industrie - le renouvellement des outils est un luxe qui doit être réservé aux aventuriers qui l’exigent. La crise signifie qu’on se trouve devant l’obligation de renouveler les outils.»
De La Structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn, p.113 :Dans Journal personnel, 23/10/2005


« Si tu veux atteindre rapidement la route de la sainteté compte sur la patience au lieu de l’empressement.» Inconnu
Dans son Agenda, 30 avril 2002.

De lui à qui, nous n'avions appris aucune prière, Yumiko raconte qu'elle avait l'impression qu'il priait quand il entrait dans les églises à Paris.

15 mai 2006

Un groupe d'étudiants qui parlent du nucléaire, çà vous intéresse?

Quand nos enfants partent de la maison, on perd forcément un peu de vue ce qu'ils deviennent. Il est vraisemblable qu'ils continuent à marcher dans nos pas sans que l'on s'en rende compte. J'ai fait du montage de films pendant quinze ans; en ce domaine, j'ai eu la satisfation de travailler avec l'un de nos plus inventifs cinéastes québécois, Jean Chabot, sur ''La Fiction Nucléaire'', produit par Roger Frappier, à l'Office National du Film du Canada, en 1978. Il y était question sérieusement de construire de trente à quarante centrales nucléaires, avant l'an 2000, le long du Saint-Laurent pour exporter cette électricité aux États-Unis: une autre mise en scène de la crise de l'énergie.
J'ai revu ce film avec Laurent, suite au décès de Jean en 2003, à la Cinémathèque québécoise.
Dear Professors, friends, and guests.
Good evening : I am Laurent Dupuis, president of the Student World Assembly Chapter at McGill University. It is a great pleasure to welcome you all to our chapter’s first ever regional event. We are very honoured tonight to host this panel discussion which is comprised of such prominent scholars as Dr. Rajaee, Hasan-Yari, Fakhari and Devine. We are also very honoured to have Mr. Paul Raynault, founder of the Student World Assembly join us here tonight from New-York.
Also welcome to members of Ottawa University SWA Chapter.
The student world assembly is dedicated to the promotion of global democracy through active grass roots student movements in different parts of the world. It is our belief that we, as students, must have an informed opinion regarding the pressing global issues of our time in order to tackle the challenges we face in this new century.
As you may know organizing an event such as this requires the support and dedication of numerous people. On behalf of all the members of our Chapter, I would like to thank all those who made this event possible especially our dear panelists for accepting our invitation, Prof Devine, for helping us organize the event and providing the venue, and all the other people who helped us make this evening possible.
Thank you, I will now hand over the podium to Dr. Rajaee.

Le sujet de ce panel du 27 janvier 2005 était: La prolifération nucléaire au Moyen-Orient: Mythe ou Réalité.

Il y a deux liens à faire.
Le premier, un lien informatique, lire l'article de presse de Jennifer Westlake, parue dans le McGill Reporter, du 10 février 2005, à l'adresse URL suivante:
http://www.mcgill.ca/reporter/37/10/swa/
Le deuxième, un lien historique: savoir que le contrat de reconstruction de l'Irak a été donné à Bechtel, par l'administration Bush.
Bechtel, c'est la même firme d'ingénierie à qui la gérance de la construction du projet hydro-électrique de la Baie James avait été accordée le 19 janvier 1972.
Pour plus d'informations: voir La Fiction Nucléaire et trouver un exemplaire du livre portant le même titre, écrit par Solange Vincent et publié chez Québec-Amérique en 1979.
Est-ce si loin tout çà?
Oui, si tout ce que l'on sait de l'université McGill se résume à la recherche d'étudiantes prêtes à poser nues pour un magazine américain ou à une initiation de club de football.

13 mai 2006

Vive l'amitié

Ne pas perdre le contact avec les ami(E)s est un des trésors humains dont le prix n’a rien à voir avec les pétro-dollars. Une amie parmi les plus anciennes que j’aie, Jocelyne P., a perdu sa mère le 6 mars dernier, des suites d’une longue maladie. Son père est décédé subitement, il y a une trentaine d’années et elle a perdu une jeune sœur dans la vingtaine d’un mal incurable dans les années 70. Elle est des femmes que j’aime et que j’aimerai toujours parce qu’aimées un jour, comme Manon, Claire, Françoise(s), Renée, Monique(s), Suzanne, Louise(s) et Michèle, cela va de soi, la mère de mes deux enfants. Jo enseigne le français à l’université McGill. Je ne l’ai pas revue depuis ma traversée de l’Atlantique: 2003.

''Ton Laurent n’est plus et ce qu’il laisse de très précieux pour tous est son grand désir de paix et d’amour. Ton Laurent n’est plus et il est vrai que plus jamais tes bras n’enlaceront celui qui était ton fils. Ton Laurent n’est plus mais son aura dorée des grands spirituels de ce monde survivra. Ton Laurent n’est plus mais il te laisse avec tout cet amour que tu lui témoignes encore. Ton Laurent, ton fils, t’a donné toutes les joies et tu portes en toi ce fils qui devient immortel par la pensée.

Ma mère n’est plus mais nous avons eu, pendant sa maladie, tout ce temps de rapprochement, de complicité. Ma mère n’est plus mais nous avons fait la paix avec des larmes mais aussi des sourires. Ma mère n’est plus mais, ses derniers mois, malgré une qualité de vie très diminuée, de grandes souffrances elle laisse un exemple de courage, de détermination.

Et voilà que je m’interroge.

Pourquoi Laurent si jeune? Pourquoi Nycole si jeune? Ma grand-mère a dit à la mort de Nycole : «Cette enfant a eu tout l’amour d’une vie en peu de temps et elle le rendait bien». Morts dans des circonstances très différentes, à des époques très différentes mais n’avaient-ils pas en commun tout cet amour?

Pourquoi Laurent sans préparation à la séparation définitive? Pourquoi mon père sans préparation à la séparation définitive? Pour ma part, je n’avais rien à pardonner à mon père et, je crois, rien à me faire pardonner du fait de son amour inconditionnel. Cependant, comme rien ne nous prépare à cette triste réalité, la séparation brutale est «inacceptable».

Pourquoi tout ce temps avec ma mère qui sait qu’elle va mourir et qui a besoin de soin, d’amour? Peut-être pour l’aimer davantage, peut-être pour devenir la mère de ma mère, peut-être pour comprendre véritablement le fait d’être mère : faire de son mieux, faire avec ce que nous sommes.

J’ai porté mes morts en terre mais je porte leurs souvenirs toujours vivants.

Il y aura toujours un premier jour spécial, un premier jour anniversaire sans eux. En ce jour de Pâques (de réunion familiale, de bonne bouffe, de discussions intéressantes), je sais comment tu dois te sentir et je sais que la présence des autres ne comble pas le vide.

P.S. : Je pense aussi à Michèle et à Gabrielle.

Laurent : ton fils,
Laurent : son fils,
Laurent : son frère.
Et Laurent : ami, camarade… pour tous ceux qui l’ont connu.
Je ne sais de Laurent que ce que tu as pu m’en dire : je sais peu … mais je sais…''
Bises
Jo.

12 mai 2006

RUBEN ALBERTO MORENO ZAVALA

J’ai découvert le site WEB d’un étudiant qui faisait partie de la délégation de Sciences Po : Ruben Alberto Moreno Zavala . Ce site renferme une quantité impressionnante de photos prises non seulement en Chine, mais en Turquie, au Mexique, en Europe; il vaut le déplacement. http://spaces.msn.com/rubenmz1984france/
En communiquant avec lui par E-mail, il m’a envoyé ce témoignage qu’il n’avait pu lire, faute de temps, lors de la soirée du 7 avril, à Sciences Po, à la mémoire de Laurent.

Moi je ne suis pas un poète comme Laura, non plus un musicien comme Ali, mais quand même ; la tradition de mon pays m’amène à raconter des histoires.

Yesterday, as I was dinning at the Cité Universitaire –you know, a lot of noise, a lot of people talking and minding their own business- something amazingly wonderful happened. Suddenly, a little bird came in flying in the large dining hall, and placed himself on a pillar by the middle of the room. As soon as he found a good spot, he started chirping. I was delighted, it had been four months in gray Paris since the last time I had heard a bird sing, and I was happy to hear it. However it seemed not many people noticed what was happening. Just as sudden as he decided to came in and delight us with his serenade, he took the decision to leave, and flew out of the room. Yet, I was happy, for his gift of a minute had been enough to make my day. I looked around, and I noticed that some people shared my thoughts and my smile. It could be seen right in their faces, for they were not sad because of it leaving so soon, but because of the little change he had made. Only some people can appreciate those little things.

Today, as we were preparing this amphi for our friend Laurent’s ceremony, as Yumiko and Soushiant showed us the pictures and as well right in this very moment with you all present, I look around and I recognize your faces. It was us who had the kindness at heart that let us appreciate the beautiful gift that Laurent’s friendship had in it. His care, his thought, his warmth, was never underestimated, and he arrived to change a little those he touched, for he would deny not his friendship. For a majority of us he arrived quite late in our lives, and we all share the opinion he departed rather abruptly. But as it happened with that little bird, it is smiles that I see, for Laurent’s good thoughts; care and warmth remain in our hearts, his friends and his family’s. These faces share the same smile we should gift our friend.

In my country, Mexico -his visits of which Laurent liked to talk and ask me about-, we fear only one thing more that death and that is forgetfulness. We die the day we are forgotten. Let us remember Laurent by a simple but meaningful gesture, a smile, for it is one that he left in our faces everyday, and it is one respect we can pay to him better than our sorrows.

Ruben Alberto Moreno Zavala

11 mai 2006

Mon cousin Laurent

Crise du verglas, janvier 1998. Tu as 14 ans. Fatigué et épuisé de pomper l’eau qui s’était infiltrée dans la cave à Hemmingford, tu viens trouver refuge à Montréal pour t’éloigner du froid, de la noirceur, de l’éclairage aux chandelles et des nuits trop courtes. Tu rêvais d’un bon « bain chaud », de « vêtements propres » et de « civilisation ». Nous avons parcouru ensemble les grandes rues. St-Denis le soir avait illuminé tes yeux et ton sourire. Ce beau sourire innocent d’adolescent sur le point de devenir cet homme accompli. Tu aimais la musique et j’ai pu partager avec toi le bonheur d’un hommage à Nirvana au Medley. Tu avais bien fait rire mon copain avec ta casquette des Nordiques de Québec. Ce soir là, nous étions loin de nous douter de la douleur que l’on ressentirait. Ensemble, nous avons appris la mort de grand-papa Médée, et soutenu nos parents dans cette épreuve difficile. François vient tout juste de me rappeller les 20$ glissés dans nos mains par notre grand-père, et ce, à chaque visite. C’était sans doute sa façon à lui de nous dire qu’il nous aimait.

Au fil des ans, nous avons fêté la St-Jean-Baptiste en travaillant à l’Hôtel de ville et au Parc Maisonneuve. Quel Travail d’équipe !!! Diane me rappellait l’autre soir la fois ou tu avais voulu aller saluer « Monsieur Vigneault ». Politesse. Elle n’existe presque plus de nos jours et tu as su la manifester et la communiquer partout où tu passais, comme un virus. Un Bon virus.

Ton départ soudain nous attriste, certes, en nous laissant plein de beaux souvenirs. Mais ce départ nous donne aussi une leçon de vie : celle de faire nous même notre chemin de vie. À ce niveau, tu auras réussi sur toute la ligne. Merci Laurent!

Je te salue et t’embrasse.

Marianne

09 mai 2006

Une lignée

La disparition de Laurent met un terme à une partie de la lignée des Dupuis.
Mon grand-père Alexandre Dupuis était de Saint-Adélaïde-de-Pabos, en Gaspésie. C’est lui qui m’a appris à jouer aux cartes. Il est mort d'une crise cardiaque; j’avais 11 ans et m’inspirerai du chagrin de mon père, apprenant la nouvelle, au souper du 1er décembre en 1958, pour en tirer un premier court métrage de fiction: Les Oiseaux ne Meurent pas de Faim, 20 ans plus tard.
Grand-père Alexandre eut quatre fils : Fernand, Armand, Uldège et mon père Amédée, du même prénom que Mozart. Des filles aussi : Jeanne, Diane, Denise, Gilberte, Irène, Adonia et Anita. Tous durent à un moment donné où l’autre de leur vie émigrer à Montréal pour y gagner leur vie. Médée, c’était le diminutif de papa fut l’un des premiers à partir : Québec, l’armée canadienne, 16 ans, débarquement, 2e grande guerre. J’ai trois frères et trois sœurs : mon frère Jean-Claude à un fils et il se nomme Alexandre. Mes deux autres frères n'ont pas d'enfants. Deux autres neveux, Martin et Éric, ont le patronyme de leur père : Rufiange…
Mes deux enfants, Gabrielle et Laurent avaient des noms jumelés : Pauzé-Dupuis. Gabrielle signe Pauzé et Laurent signait Dupuis.
Ils rencontraient leur grand-père dans le Temps des Fêtes ou occasionnellement pendant l’année. Mes parents étant divorcés, il fallait aller le voir chez lui, ou l’inviter à la maison, en compagnie de sa dernière flamme. Je l’ai rarement vu offrir un cadeau particulier à ses petits-enfants; il avait plutôt pris l’habitude de sortir son porte-monnaie et de leur filer un billet de 20$ à la main, presqu’en douce, sans ostentation. Çà avait l’heur de leur plaire.
Pendant le grand verglas, en 1998, mon père se suicide à 74 ans. En pareille circonstance, le mandat d’annoncer une mort violente est confié à la Sûreté du Québec. Il en fut ainsi dans la nuit du 3 avril dernier; en entendant le pas des policiers sur la galerie, au milieu de la nuit, je savais qu'on venait nous aviser d'un malheur. Toute grande famille a ses tragédies. Au début des années soixante, oncle Fernand perd douze de ses enfants et sa femme dans l'incendie de la maison paternelle.
La mort de Laurent interrompt la portée d’une lignée; elle supprime une possibilité de me prolonger dans l’avenir, de poursuivre le grand rêve de la continuité. Cela ne change rien au charme que j’éprouve à aimer, Javier Perez, mon petit-fils, né de l’union de Gabrielle et Carlos.

Je sais que tous les pères éprouvent quelque chose de particulier à la naissance d’un fils ou d’un petit-fils qui va porter son nom. Du machisme ? Du sexisme? Du narcissisme? Peut-être...Ou simplement la satisfaction d’avoir généré un mâle qui vient augmenter les chances de l’espèce, de sa famille, de survivre, d’y être pour quelque chose et de lui attribuer un nom, une origine. En fait, il s'agit d'un signe, auquel se substitue maintenant des distinctions liées à l'étendue des biens de consommation possédés.
La couleur de la peau, les yeux bridés, les cheveux crépus, les accents des langues embellisssent le patrimoine culturel et héréditaire d'une communauté; ne dit-on pas des bréziliens et bréziliennes qu'il s'agit des plus beaux humains au monde?
Un enfant de Laurent et Yumiko aurait assurément été beau.
Les noms de famille que portent nos enfants tracent l'évolution des générations; on les retrouve sur le carnet de santé, la carte-soleil, permis de conduire, cartes de crédit...et sur les pierres tombales. Notre nom sera prochainement numérisé, et accolé aux données biométriques de nos yeux. Il finira peut-être même un jour par être remplacé par le tatouage d'un code à barre. On appellera cela des mesures de sécurité.

Il n'y a pas si longtemps nommer, c'était s'approprier, faire sien, inventer, distinguer, classer, comprendre.
Maintenant, c’est à peine souligner l’identité.

Nos noms pourtant comme nos sociétés sont distincts.
Ils ne nous mettent cependant pas à l'abri des entrepôts stérilisants que sont les Costco, les Wall-Mart et les Canadian Tire.

08 mai 2006

Premiers pas

Cher Laurent,

Voici quelques mots qui sont le reflet de ce que j’ai connu de toi et ressenti à chacune de nos rencontres. Bien entendu que tu étais le plus joli des poupons avec tes grands yeux bleus et ton si joli sourire. Je te revois avec ta petite mèche à demie brune et à demie blonde quand tes cheveux ont commencé à changer de couleur. Rapidement, tu es devenu le plus joli et le plus charmant des petits garçons. Un petit garçon que toutes les mamans auraient voulu avoir parce que tu étais adorable, spontané, accueillant et souriant. Pendant de longues périodes je ne t’ai pas vu jusqu’à un dimanche après-midi où j’étais arrêtée chez toi en passant et que tu revenais des courses d’auto avec François. J’avais tellement rit en t’écoutant raconter ta journée que j’en pleurais et j’en avais mal aux joues. Ta spontanéité était si belle à voir. Tu étais comme un rayon de soleil qui égayait le souper et j’étais repartie le cœur joyeux en emportant avec moi une partie de ton bonheur. Comme le temps passe vite, tu es devenu un grand garçon. Je me souviens d’un soir où tu étais venu souper à la maison avec tes parents il y a quelques années. Je t’avais trouvé si bon et si sage dans tes propos. Tu avais déjà des opinions sur bien des choses et tu les exprimais avec tant de sagesse et de nuances. Il y a toujours eu en toi quelque chose qui est venu me toucher profondément. Quand tu étais là, et ce, malgré ton jeune âge, j’ai toujours l’impression d’être en présence d’un grand homme. J’avais l’intime conviction que tu ferais quelque chose de grand pour l’humanité. Je ne pourrais pas expliquer ce qui faisait en sorte qu’en ta présence je ressentais cette chose, tout ce que je pouvais répéter c’est que tu étais un grand homme. Dans ton regard si bleu et ton sourire si franc je percevais ce que j’appellerais une saine bonté, la bonté d’un homme qui pense librement, la beauté qui fait qu’on croit qu’il y a des anges sur la terre.

En ce mois d’avril 2006, tu nous a quittés à la manière d’un bel oiseau à qui l’on aurait coupé les ailes en plein envol. Un bel oiseau annonciateur de tant de belles idées et de tant de bonnes actions à venir. Combien de fois depuis ton décès j’ai entendu ces deux mots « grand homme ». C’est ce que tu étais cher Laurent, un grand homme et jamais je n’oublierai la bonté et la sagesse qui émanait de toi.

Je sais à quel point Michèle et François sont attristés par ce départ soudain. J’imagine à quel point ton absence sera lourde à porter pour eux, mais je sais également que malgré ce deuil si difficile et malgré la peine immense qu’ils doivent vivre, ils reconnaîtront qu’ils ont été des êtres privilégiés du seul fait d’avoir été choisis par la nature pour te concevoir, t’accompagner et t’aimer tout au long de leur vie.

Tu es un être inoubliable….

Carole Denault

06 mai 2006

"Letter and Prayer from Argentina for my sweet friend and ally, Laurent!"


"Oh! Blessed Virgin Mary!
Crowned Queen of Lujan!
God has created me for eternal glory.
Oh! Who would grant me wings to fly to happiness in heaven?
Who would open the Gates of Heaven, and help me up to meet the Lord Almighty at his Thrown?
Grant, oh Blessed Virgin of Lujan, your protection to this, your servant.
Calling thou in tears and only comforting in your glories: help me, for I have honored you in life through love in this world.
Make me worthy of honoring you in heaven, FOREVER ON. Amen"
I met you not long ago, very little before you parted this world. The incredible thing is the impact I felt as you entered, so briefly, my life...you were definitively a "SHOOTING STAR". As you knocked on my door that day, you immediately expressed your intentions : solving the plot we encountered. Determined, sweet, brilliant, mysterious, gallant, respectfull, full of life, full of dreams, with so much love to give, a leader like no other. You brought out the best in all of us and directed as the concert of ideas poured out into the room. SUCH A DIPLOMAT...your father is so right.
A friend you became immediately. No questions, no judging, we would be allies forever, remember? We shared so many emotions, dreams, projects...music, laughter, hugs, and joy. SUCCESS MY FRIEND! That dream of Peace in the World, the work we did to contribute to eliminate and control weapons of mass destruction....Nothing was done in vain. Your ideas and effort are there, your signature is there and we will always fight in your name for it too.
The beautiful message you left to your family, friends, your love Yumiko, and all the rest who had the pleasure and honor to have shared a bit with you, is a message full of love. Reading all the notes they have written is a blessing to me, it brings comfort to my heart and soul: for I wont loose you...i have all of them accompagning me with the same objective: for the world not to ever forget you. I´ll always have you there, in my thoughts and in my prayers...in my heart. In spanish: !Que Dios te Bendiga Amigo Querido, gracias por todo!. God Bless you my dear friend, thank you for everything.
With much love, I will light a candle for your life, not your departure.
ADRIANA
Buenos Aires, Argentina. May 3rd , 2006.

Enfant, en mai, j'ai chanté souvent: ''C'est le mois de Marie, c'est le mois le plus beau...".
J'allais même, en tricycle, à plusieurs kilomètres de la maison, à une croix de chemin, surplombant la rivière Châteauguay y réciter un chapelet entier avec le curé et quelques paroissiens.
La province de Québec était catholique et canadienne-française.
Maintenant, pour moi, c'est encore le mois le plus beau. Surtout pour voir éclater le tendre vert du feuillage, le rose ténu des fleurs de pommier, et sentir le lilas, le muguet, le ruissellement des eaux.
Le Québec est encore une province et il s'y trouve encore des catholiques.
FD

Pour plus d'information sur la vierge de Lujan: http://fr.wikipedia.org/wiki/Luján

05 mai 2006

Bal de finissants de 5e Secondaire: Christine et Laurent (2001)

Cher Laurent,

Déjà à l’époque de St- François- Xavier
On savait que tu serais un grand homme
Tous se souviendront de ta joie de vivre,
De ta bonne humeur
Et de ton beau sourire.

Toi Laurent,
qui nous a tant fait rire avec ton petit côté gaffeur.
Tu as profité de chaque instant
Qui t’a été donné.

Pour tous les membres de ma famille
Tu as été quelqu’un d’important et significatif.
Ma mère se rappelle de vos discussions intéressantes,
Des collations de fin de soirée avec toi
Et de ta découverte du gâteau aux jujubes de ma grand-mère.
Le lys asiatique que tu as offert à ma mère
Vit toujours dans notre jardin.

On se reparle de toutes ces sorties que nous avons faites
Avec Daniel et Marie-Eve en vélo de montagne.

Tu as été mon premier amour
Celui que jamais on oublie.

Tant de souvenirs, de moments exceptionnels
Avec le gentleman que tu étais.

Cette tranche de vie
Nous a permis de découvrir ton attachante famille
Et les grands amis qu’ils sont devenus.

Au revoir, Laurent !



Christine Kennedy, Candiac
Hommage présenté à l'occasion des obsèques à Hemmingford
Le samedi 22 avril 2006

03 mai 2006

Images de Chine (suite et fin)

Quelqu'un peut-il me dire où a été prise la dernière photo, en bas de page, le jour avant sa mort? Était-il seul, à ce moment-là? Le fermier où il a été gardé dans sa prime enfance avait aussi un troupeau de Holstein.
Is somemedy knowing where the last photo of this serial had been shooted, the day before he passed away? Was he alone at this moment? The farmer who baby-sat him during his infancy had the same kind of Holstein's cows.

Laurent a appris à jouer au golf avec sa grand-mère Pauzé.