30 avril 2007

E-MAILS 9

Laurent vient d'apprendre le décès de la mère de l'un de ses meilleurs amis, celui avec qui il a résidé une partie de l'été dernier à Ottawa et avec lequel il a travaillé au parlement.

Mardi le 13 décembre 2005
To: Ben Nolan

Dear Ben, for a while I thought you were busy with exams, school, life. But I recently discovered the heartbreaking nature of your silence. I really wish, as the good friend that you are, actually the best friend I have made, that I could have been near you in these horrendously difficult times. This might sound absurd, but, if there is anything I can do for you within my present capabilities, please let me know.

I lived the passing away of the parent of a close friend a few months before meeting you at University two years ago. The memories I have kept of that understanding are still near. If you need to speak with someone, I’ll leave you my numbers and your more than welcome to leave me yours if you would like me to call you ( I have no BC phone or address). I know that I personally would be the type to hold back on talking in such circumstances. It would seem absurd to me and perhaps to you as well. No matter what, I will understand. I’m with you Ben.

Laurent

PS Cet étudiant de McGill va aussi perdre son père pendant le mois de décembre et Laurent en avril 2006. Difficile d'imaginer autant de deuils à assumer en si peu de temps. C'est une personne charmante, d'une grande sensibilité: un artiste. J'espère bien le revoir un jour. Vous pouvez lire l'hommage qu'il rend à Laurent dans les archives d'avril 2006, le 26.

28 avril 2007

E-MAILS 8

Dimanche 11 décembre 2005

To: Julie-Anne MacDonald

Life in Paris is good, really good, sometimes may be even to good!!! Also had lots to drink last night. We had a Cognac party at my place and then moved downed to a friends house nearby where we had lots more to drink. This lead me to an inevitable conclusion: I will no longer drink. I seriously need a few cells to keep going here. The school part is great. Lots more relaxed than McGill and I am meeting really interesting people who are having great effects on me: they are so talented that it makes me realise that I am really a shit bag. Well, lets just say that its great for my overvalued ego.

On a slightly different note, Ben. Are you really certain that this is true, that there might not have been some confusion or anything? Because no-one here, friends of Ben and I who are in Paris with me now, seem to have heard anything about it. Not that I’m douting it but it really sounds unreal. Need for more details please.

Best regards

laurent


To: Claude Breton

Hey Claude, ça me fait chaud au coeur de savoir que vous allez fêter ton anniversaire à Montréal. En fait c’est plus la nostalgie de penser aux bons party qu’on a eus ensemble. Quant à moi, je serai avec des amis à Paris, me la jouant comme dans le bon vieux temps. Bonne fête et Joyeux Noël à toi et ta famille.

laurent

Mercredi le 7 décembre 2005

To: Éric Loiselet

Bonsoir Monsieur Loiselet.
Je vous transmets le texte de ma revue documentaire. J’aurais bien aimé le peaufiner avant de la rendre disponible pour mes collègues, mais mon horaire du temps en a décidé autrement. Ça manque grossièrement de cohérence et de style, mais je me dis que ce sera peut-être utile pour quelques-un d’entre eux.

Je vous remercie beaucoup pour l’invitation de la semaine prochaine. J’ai récemment reçu des correspondances de la part du Consulat Générale du Québec à Paris qui m’ont permis de m’instruire sur ce forum d’échange France-Québec.

À lundi

laurent

23 avril 2007

Un an plus tard

Bonjour François,
Je sais cette première année éprouvante pour toi, Michèle, Gabrielle et Yumiko. J'ai une grosse pensée pour vous en ce 22 avril. Tu en as sûrement reçu beaucoup ces derniers jours, mais voici un petit texte pour le blog. Je vous embrasse fort xxxxxxxxxxxx Marianne


Un an plus tard… cher cousin,

Je partage l’avis de Catherine quand elle dit : « Je suis ta cousine et pourtant on ne se connaît pas plus qu’il le faut. »

Un an plus tard, je crois en avoir un peu plus appris à ton sujet que dans les 22 dernières années. Cela me désole, puisque j’ai découvert un être qui, malgré son air de petit gêné, était un grand sensible. Bien qu’en farce, nous nous plaisions à taquiner un autre cousin qui a dit une fois que la famille Dupuis devrait se réunir plus souvent, j’ai souvent regretté, dans la dernière année, de ne pas l’avoir fait assez souvent.

Je ne crois pas moi non plus en Dieu, mais je crois aux rêves. Pour beaucoup de monde, les rêves ne restent que des rêves, mais moi j’ai compris, tout comme toi, Laurent, qu’on peut atteindre nos rêves en y travaillant fort. Je me rappelle cette année, avoir rêvé aux cousin-cousines Dupuis. Nous étions tous à l’Université en politique et suivions tes traces . J’ai senti ta présence et j’ai eu l’impression de t’entendre. J’ai alors décidé, à partir de cette nuit-là, de vivre sans avoir peur de regretter de n’avoir pas fait quelque chose.

Cette année m’aura fait réalisé de grandes choses et de belles choses. Premièrement, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue dans l’amertume d’une job détestée et d’un entourage plate. La vie est trop belle pour que nous la vivions dans le sens contraire de nos désirs. Deuxièmement, l’énergie dépensée avec ceux que l’on aime est franchement moins fatigante qu’en se plaignant de notre condition. C’est pourquoi j’ai décidé, pour avoir un meilleur avenir et en donner un meilleur à ma fille, de quitter mon emploi méprisant et de terminer mon Bacc., commencé il y a sept ans. Certes, il faudra mettre de côté pour un temps l’aisance financière à laquelle nous nous sommes habitués, mais je serai contente du résultat quand j’aurai mon diplôme en main. Je ne sais pas quelles surprise l’avenir me réserve et je ne sais pas non plus si je vais réussir à terminer mon Bacc. sans travailler, mais je sais une chose, c’est que je vais le terminer. Dans 50 ans, quand je regarderai ma vie avec un peu de recul, je n’aurai pas le regret de ne pas avoir au moins essayé.

Cette prise de conscience, c’est surtout à toi, Laurent que je la dois et ou que tu sois, je t’embrasse et te remercie.

François, Michèle, Gabrielle et Yumiko, je vous embrasse aussi et j’ai une pensée pour vous en ce 22 avril 2007, Jour de la Terre. J’en suis sûre, Laurent veille sur vous.

Marianne

21 avril 2007

Mon jour de la Terre

Cette année, le Jour de la Terre tombe demain dimanche.
Il y a un an, le samedi 22 avril, Laurent était porté en terre.
Il pleuvait et c'était le Jour de la Terre.
Aujourd'hui, le samedi 21 avril 2006, le ciel est bleu; il fait 20°C; le printemps est enfin là.
J'ai pris mon café, au soleil, en lisant le Devoir.
Lundi, il y eu une bordée de neige. Mardi, un torrent de larmes pour noyer la folie meurtrière de Virginia Tech. Même à distance, la compassion pour ces parents que je ne connais pas est une épreuve supplémentaire.
Au versant réconfort, je découvre que ma caméra mini-dv et mon ordi peuvent lire les cassettes vidéos PAL que j'ai filmées à Paris avec Lionel Cauchois à l'été 2006; j'ai cru jusqu'à hier, qu'il me fallait les faire transférer en NTSC pour pouvoir les visionner; cette opération contribuait à retarder le moment où j'oserais plonger dans cette nouvelle étape. On pourra donc commencer en fin de semaine, Michèle et moi, à voir le récit des relations qu'entrenaient, avec Laurent, les étudiant(e)s qui l'ont accompagné en Chine.
Et j'ai aussi reçu ce courriel de Catherine, une de ses cousines:

Salut mon oncle,

C'est ta nièce bien évidemment.

Après un an de silence par rapport à la mort de Laurent et après avoir lu et compris comment les gens qui l'entouraient l'aimaient, j'ai écrit une lettre. Sûrement qu'elle est pleine de fautes d'orthographes, des erreurs de syntaxes, un peu de simplicité, mais beaucoup d'amour et un peu de perte de confiance en la vie (Normal, étant donné que je suis une adolescente).

Svp, j'aimerais que tu la publies sur le blogue.

Il y a eu deux morts qui m’ont marquée dans ma courte vie que je mène avec courage et honneur comme quelqu’un qui mord dans la vie. Celle de mon grand-père (Armand Ouellette), car je l’aime comme un père, et celle de Laurent, mon cousin, l’an dernier. J’ai appris sa mort un matin que je manquais de l’école pour aller passer des tests à l’hôpital. Si ça avait été un autre jour, j’aurais pu manquer une autre journée d’école, car je n’étais pas capable de comprendre pourquoi il était mort, mais surtout que quelqu’un comme lui ne méritait pas de mourir aussi bêtement; c’est pour cela que je n’ai pas été peinée à ce moment, car je n'y croyais pas vraiment.

Je ne crois pas en Dieu, ni en aucune religion, ni aux anges, mais je prie tout ce tas de belles personnes de faire en sorte qu’il y ait de la vie après la mort.
Sinon la vie est injuste jusqu’à son dernier souffle.

Laurent,

Je suis ta cousine et pourtant on ne se connaît pas plus qu’il le faut. Entre nous, il y a de nombreuses choses semblables en commençant par notre nom de famille, composé et comprenant Dupuis.

Pour moi, le plus triste de ta mort c’est que je n’ai jamais eu la chance d’avoir une discussion avec toi qui dépasse les blas-blas de résumé d’une année en quelques mots. ''Çà va bien à l’école?... Toi aussi... Joyeux Noël.’’ Puisque j’étais trop gênée, puisque tu étais trop beau.

Le plus triste pour l’humanité, c’est que sans toi, il n’y aura pas de justice. J’ai les mêmes valeurs par rapport à la politique, aux inégalités sociales et le rêve de voyager et de découvrir le plus de choses possibles, mais aucune diplomatie, car comme une Dupuis, je suis trop émotive. J’essaierai quand même de faire de mon mieux.

Je vais suivre un peu tes pas; en septembre, j’entre au cégep du Vieux Montréal. J’espère que, comme toi, en quittant le privé et en atterrissant au cégep public, j’aimerai la lecture; que l’école deviendra une passion plutôt qu’une obligation pour mener une bonne vie.

Un peu plus jeune, tu étais mon fantasme d’enfant. Beau. Je dois dire que c’est la seule raison qui meublait cette fantaisie, mais aujourd’hui si tu étais vivant et que je te connaîtrais comme je te connais après avoir lu le blog de ton père, je crois que je serais très triste d’être ta cousine.
Tu avais tout pour toi.

Au plaisir que ma prière s’exauce et qu’on prenne une bière ensemble un de ces jours.

Je t’aime
Catherine Dupuis-Ouellette

15 avril 2007

E-MAILS 7


Mardi le 6 décembre 2005

To: Fabien Ortiz

Cette “poésie redoutable” !!! Bien dit! Mon cher Fabien, quel plaisir d’avoir de tes nouvelles, de percevoir tes perceptions sur ce changement qui s’installe dans la nature autour de nous. Un désir irrésistible d’y ajouter notre touche, de prendre contrôle de cette nature, de cette lumière qui se fait de plus en plus rare. C’est cette lumière à laquelle nous ne pouvons que contempler l’existence passée. Perdant son intensité de jour en jour, elle nous rappelle que notre énergie vitale en est dépendante. Douce lumière revient nous ! La contemplation de cette beauté divine qui s’éloigne de nous chaque jour est pénible, déprimante! Que faire : Contempler ? Agir ?

On dit parfois qu’un silence - la contemplation de l’inexistante, du vide- parle plus que les mots de la colère, du mépris, de la joie et de l’amitié. Car entre ces émotions, les paroles qui extériorisent ces émotions et la pensée qui les sous-tend se trouve souvent un gouffre dont l’immensité et la profondeur ont de quoi faire frémir les plus courageux, les plus vertueux. C’est, je crois, un des objectifs les plus nobles de l’étudiant que de tendre vers l’expression la plus juste de sa pensée. Mais au-delà d’efforts plus souvent vains que triomphants se trouve une certitude plus angoissante encore que le silence : cette contemplation du néant. Cette contemplation est prédestinée à survivre éternellement ou est-ce plutôt l’existence d’une logique d’inaction ancienne qui nous rend si contemplatif de notre mélancolie ?

L’écriture recèle parfois un sens sournois, angoissant, troublant. Par l’écriture, nous qui aimerions tant assumer le monde par l’action savons trop peu souvent en quoi cette écriture est chargée d’une réalité parallèle au sens destiné, en quoi elle est puissante, en quoi elle recèle peut-être une clef. Entre l’étant dans lequel nous sommes et l’étant entre lequel nous nous affichons se trouve la seule base véritable de la critique constructive de cette écriture. À l’incompréhension de ce monde, ne peut s’ajouter l’incompréhension de ce que nous pouvons en faire, ni de ce qu’on peut y représenter, tant insignifiant que l’on puisse être.

Voilà, c’est l’automne en ce moment à Paris. La clef ? Devant ce mode d’action ancien, archaïque, chrétien, résiliant qu’est la contemplation, se trouve une solution moribonde : l’inaction, l’attente passive, l’oisiveté, les drogue, etc. Face à ce qui nous paraît intraitable : la nature, la fuite de la lumière, l’arrivée du froid, de l’humide, face à ce rapprochement du destin inévitable des saisons sombres - de la mort - on ne doit pas espérer passivement ça/sa fin, on se doit d’agir. Les jours sombres ne sont seulement si sombres que ce que les yeux de leurs percepteurs veulent bien en voir. La lumière et la chaleur est en nous. Le paradoxe ? C’est qu’elle si proche et, de toute une vie, la plupart d’entre nous ne réussiront pas à la trouver. La solution pour la découvrir je ne la connaîs pas. Mais la méthode si. C’est l’action : l’écriture !

Ton ami

Laurent

PS Je t’assure que je vais très bien. T’inquiète pas pour moi, j’ai juste besoin parfois d’extérioriser autre chose que de la science po.

06 avril 2007

E-MAILS 6

Mercredi le 23 novembre 2005

To: Julie Noel
Wow, je sais vraiment pas quoi dire. Je te remercie d’abord d’avoir pensé à me l’annoncer. Je crois que tu es la première amie à qui ça arrive. Je sais pas vraiment quoi dire. Je suis heureux pour toi. Tu sembles vraiment heureuse, je suis donc heureux pour toi. C’est dingue, je crois que j’avais blagué il y a quelques semaines lors de ton premier email sur ça. Quelque chose du genre : j’ai une grande nouvelle. Rép : quoi té enceinte ?? Toutes mes félicitations. Je t’avoue que j’ai de la misère à suivre le rythme de ta vie : voyage en Asie, UQAM, et maintenant bébé. BÉBÉ !!! j’ai vraiment peine à le croire mais je suis très content pour toi. Aussi bcp de misère à croire qu’un bébé va habiter au 1239.

J’aurais bien aimé me faire une idée de que va avoir l’air ce bébé avant mon retour, mais je n’ai encore jamais rencontré le papa. À t’entendre, je suis certain que c’est un type bien. J’espère que la nouvelle est également accueilli avec joie.

Tiens moi au courrant

Laurent Dupuis

PS Je n’ai pas encore reçu la lettre.

To: Alexandre Jacques

Mon arrivée à Paris se passe vraiment bien. Parfois je me demande si ça se passe pas un peu trop bien. Je t’en donnerai des nouvelles bientôt. Merci pour l’invitation pour Noël. Je serai à Lyon, dans la famille de Yumiko - question de découvrir autre chose que Paris. En revanche j’accepte volontiers ton offre pour le jour de l’An. On sera de retour à Paris le 30 au matin et Yumiko et moi n’avons pas encore de plans pour le 31 au soir. Ce serais surréelle de fêter le Nouvel An avec toi à Paris !

Merci aussi pour l’offre d’aller à Bruxelle. Je compte y aller au courant de l’hiver donc oui, ça serais génial de sympatiser avec nos copines respectives.

Faut que j’y aille, j’ai une revue de presse sur la conférence de Montréal à remettre et présenter à l’oral demain matin, mais je te récris au courrant de la semaine.

Je te laisse mes numéros de tel : 06 09 11 70 49 et 01 43 71 93 86.

laurent

To: Michel Oneil

Bonjour Michel, je voulais vous remercier, toi et Francine, pour le contact avec Kim Lefevre. Je t'ai envoyé un message il y a un mois, mais je crois que tu étais en voyage de camping avec Seb. Je voulais m'assurer de vous remercier, quitte à me répéter, pour l'appart.


Sébastien m'a annoncé que vous passiez une semaine en France en début décembre. Si votre horaire du temps le permet, il me ferait plaisir de vous recevoir à dîner un soir. Ça vous permettrait de voir comment on a réorganisé l'appart... On a, plus ou moins ingénieusement, trouvé le moyen de créer un certain niveau d’intimité tout en gardant un espace commun accueillant. Enfin, ça me ferait vraiment plaisir de vous recevoir à dîner ou souper.

J'ose espérer que vous allez pouvoir dîner avec Kim aussi. Je ne sais pas si vous êtes en contact avec elle ou son fils, mais elle ne va pas très bien. Elle a subi une autre opération il y a quelques jours. C'est la troisième en moins de deux mois. Elle devrait sortir de l'hopital d'ici une semaine.

laurent

JE NE SAIS PAS SI LAURENT SAVAIT QUE MADAME LEFÈVRE ÉTAIT ÉCRIVAIN ET QU'ELLE AVAIT DÉJÈ ÉTÉ INTERVIEWÉE PAR BERNARD PIVOT. JE L'AI MOI-MÊME APPRIS EN LUI RENDANT UNE BRÈEVE VISITE, ALORS QU'ELLE ÉTAIT UNE FOIS DE PLUS HOSPITALISÉE, EN JUIN 2006.

POUR INFO: http://motspluriels.arts.uwa.edu.au/MP2303klf.html


To: Ben Nolan

Hey Ben, I have been wanting to write to you for a while and finally, I have a minute of peace. Its, hard in this city. Between the riots and cheap wine, one can barely find a moment in a week to think about the past and the future. Ok, enough of this philosophical bs, but I did want to let you know that I’m taking a fascinating history of ideas class. Every major new idea since Plato. Obviously can’t got into much detail, but it does provide a great sens of the evolution of western thinking. Oh and by the way, remember that argument we had on Julie-Anne rough top over good and bad of opening the book to random visitors, the time you called me a sophiste; well, after studying Plato’s ideal city model and his critics (Popper and Nietzche), you can call me a sophiste anytime….

That being said (what has been said?), Science Po is great. It is really different than McGill in its approach to poli sci. I think you would really enjoy the classes that I am taking just now. I strongly encourage you to follow through on that plan of yours to live in qc for a year and then try to get into the school, though you might find the fact that the institution ranked 69th worldwide on the Times educational chart. It would be great to have you around for that extra semester I have to spend at McGill.

On my own side, I kind of miss my Montreal routine and its been kind of hard to stay on top of things after the summer of debauchery that we just had. You can probably tell by the spurious structure of my writing. You are probably way out of that phase by now and submerged in finals and papers. So, I’ll put an end to this barf of words and ideas in a minute. Really just wanted to say hey and send you these two pictures I took in the elevator of the Eifel tower a few weeks ago. Kind of Jazzy, don’t you think?

Peace

PS I’ll understand if it takes you a while to respond.

E-MAILS 5


Mardi le 8 novembre 2005

To: Carmen Polad

Bonjour Carmen,
Ça fait plaisir d'avoir de tes nouvelles et de savoir que tu vas bien. Ici, la vie est bonne. Malgré ce que les journalistes du monde entier peuvent prétendre, je (habitant de Paris) ne ressens aucunement les effets des troubles dans les banlieux...
J'ai la chance d’habiter dans un des beaux quartiers de Paris. En plus, mon école se trouve dans un des plus chics de la ville et j'ai rarement à faire dans les banlieux. Je peux vous dire que je n’ai aucunement l’impression que les bourgeois du 6e ont aucunement d’l'air d’avoir peur de ce qui se passe. Le calme règne partout où je vais...

Content de savoir qu’Albanie va peut-être venir cet hiver.

Mes sentiments distingués

Laurent Dupuis


To : Tout le monde

Bonjour à tous,
Je vous écrivais, il y a quelques jours de cela, que j’étais emballé par l’histoire de cette ville, plus particulièrement, les années de la révolution. Beaucoup d’entre vous m’ont écrit pour avoir des détails sur ce qui se passait à Paris. Je dois vous avouer que ce sont davantages vos questions et commentaires qui m’ont fait réfléchir sur le sujet des émeutes que ce qui se passe concrètement dans les banlieux des grandes métropoles françaises. En effet, je ne ressens aucunement les effets des troubles. Les parisiens, dans les quartiers aisés du moins, habitent dans un isolement complet de la pauvreté. C’est réellement une question de périphérie. Les couvre-feux ne les touchent pas, les feux de voitures non plus, même le bruit de la casse ne les affectent pas. Toutefois, ceci ne les empêche d’en discuter abondamment.

Il n’y a aucun doute que ces émeutes sont des manifestations d’un syndrome de politiques gouvernementales (immigration, politique économique, élitisme éducationnel au niveau supérieur, etc) et dans une moindre mesure, culturel. La liste des politiques qui sont présentement en première ligne(qui ou qu’est-ce qui a bien pu causer celà ?) en ce moment est longue, peut-être aussi longue que la liste des incidents dans les banlieux.

Sans paraître trouillard, j’ai la chance d’habiter dans un des beaux quartier de Paris. En plus, mon école se trouve dans un des quartier les plus chics de la ville et j'ai rarement à faire dans les banlieux. Le calme règne partout où je vais. Comme bon nombre de gens qui habitent Paris, je vis ces moments, avec éloignement ( comme si ça se passait dans un autre pays) ; je regarde les nouvelles le soir, je regarde les nombreux talk-shows intellectuels sur les chaînes publics de France et je lis les éditoriaux des journalistes libéraux du Financial Times, de l’autre coté de la Manche, qui semblent prendre un plaisir démesuré à critiquer le modèle « socialiste » français qu’ils place comme premier responsable de cette instabilité.

PS: Yumiko, ma copine (Tchum = copin = un petit ami, blonde = copine = petite amie), est avec moi à Paris pour l’année. Nous avons eu la chance d’être acceptés tous les deux à la même école.

Laurent

E-MAILS 4

Mercredi le 2 novembre 2005

TO: Audrey Maud Mercier

Salut ma grande, coucou, c’est moi, Laurent.

Je suis vraiment content d’avoir de tes nouvelles. Encore davantage parce qu'elles semblent être de très bonnes nouvelles. Le contrat, lucratif j’imagine, à TVA, les plans de voyages, les plans d’études, tous cela c’est merveilleux. En plus ton appart. semble t’inspirer au niveau de l’écriture. Ça se remarque les québécois qui écrivent bien. Tes vacances dans le Maine, la description du moins, me rappelle un de mes films préférés; Eternal sunshine of a spotless mind, un film qui traite de l’amour, la mémoire, le temps qui passe. Il y une scène merveilleuse dans ce film qui se passe sur une plage tard l’automne, dans le Maine, si je ne m’abuse. Çà semblait être un bon moment.



Ici, la vie est bonne, même très bonne. J’ai passé des semaines de vacances en or. La ville est vraiment magnifique, le vin bon et pas cher et les gens ont du caractère. Rien d’aussi austère qu’un retour au cours, après un été de 6 mois cochère.

Ma grande, prends soins de toi, et passe me voir à Paris, t’auras un logis et, promis, un gentil petit lit (plus comme un matelas sur le plancher de bois), en bonne compagnie.

Laurent

05 avril 2007

E-MAILS 3

To: Erin (sent sat 29th oct)

Did you know you were perhaps the one person whom I have the most minutes of camera this summer. Ya, I think I must have taken at least 5 video’s of you imitating the monkey sound (and behaviour.) This struck me a few days ago. I was with a few friends and we were talking about how close human behaviour resembled primate’s. There seemed to be very little I could use of my own experience to destabilise his argument (because I was thinking of you at that moment). Of course I was his favorite exemple to draw upon. And then you came in to my thoughts. So I just kept listening. All thisto say that you came in to mind as being the best feminine exemple of the small differences that really separate us from our cousins.

(Ya Paris gets to your mind in a really funny way).Or maybe it’s the two weeks of vacation… This city is seriously unreal. You have to come. Our place (fred and I) is larger than we expected so your more than welcome to crash for a few days if you come with Gilliane.

Any whom, hope that all is well in Alberta (you could use the 400$ for your ticket). Let me know if you plan a trip to Montréal. Won’t be around for another 10 months but ….

Best of luck on getting into McGill law, you’ll do fine, I’m not worried. Can’t wait to show you my version of montreal.

To : Brad (sent sat the 29th)

Hey buddy, how are the fall stampeeds doing ? Just playing ! Hope life is good in the mountains. I just wanted to say hey and make sure that we would keep in touch. It’s all to easy to have a great time with people than loose touch of them completely after a few weeks or months. If I reminded you of a good friend of yours this summer, well, you and Linzee(???) reminded me of my girlfriend and myself. Very nice couple you make.

Meeting you two this summer and looking at those pics really made me want to visit this mysterious and politically puzzling part of my country (Western Canada).

Take care, keep in touch

laurent

04 avril 2007

RETOUR DE VOYAGE



Peu après le décollage de Tunis-Carthage, hier vers 13H00, l’image de Laurent et sa voix se chevauchent dans ma tête comme s’il était encore vivant. Nous volons vers Paris; vers là où il aurait dû revenir. Quelle drôle de coïncidence que de se retrouver entre ciel et terre, aujourd'hui, date de son décès!

Au-dessus de la Méditerranée, je pense à ceux qui sont revenus de Chine, le lendemain, 4 avril 2006.

Elles s’appellent Flora Bellina, Laila Bennis, Flora Boilot, Sara Guedj, Barbara Lopez Villamante, Marilia Mayaki, Anne-Laure Peytavin et Laura Stielike.
Ils s’appellent Pedro Batisto Barbosa, Ali El Quitouni El Idrissi, Jan-Christophe Hausewald, Mekki Lahlou, Ruben Moreno Zavala et Soushiant Zanganehpour.
Originaires de cinq continents; ne manquent que l’Antarctique et l’Océanie.

Ils vont eux aussi sur Paris où ils étudient.
Leur valeur ne tient pas nécessairement à la fortune de leurs parents.
Ils ont tous du talent; des rêves aussi, dans un dosage différent, pour leur propre avenir et celui de l’humanité.

La veille, ils ont encaissé la mort de mon fils. Ils ont dû laisser son corps là-bas; ce doit être effroyable de partir à 15 et de revenir à 14. J’aime croire que chacun d’eux ramène une portion de son esprit en Europe et qu’ils vont en partager une partie avec Yumiko Locussol, sa petite amie étudiante de la même école. Ils doivent porter aussi avec leurs bagages, ceux de Lo.

Je salue donc aujourd’hui et embrasse ces jeunes, comme membres d’une équipe, forgée dans l’adversité de défaites et de victoires, affligée par la disparition de l’un de leur meilleur joueur, mais liée à jamais par l’affection du souvenir.

***

En survolant les Alpes, je pense à d’autres jeunes que Laurent vient de connaître là-bas pendant quelques jours.

Elles s’appellent Adriana Guzman, Lucia Stocker, Pronita Pronita, Vanessa Tarbes, Emily Weideman et Xlong Winnyey
Ils s’appellent Hassan Hakbar, Erik Lönnroth, Diogo Noivo, Sasha Peter et Aneesh Venkat.
Cette fois, de tous les continents, sauf l’Antarctique.

Ils sont impliqués du même bord dans le Comité pour le Désarmement et la Sécurité Internationale; ils y exercent leur science, leur intérêt, leur conviction, leur stratégie, leur ambition…

Laurent a mal à dormir tant il croit à l'exercice. Une résolution sort in extremis. Où est-elle passée?

Avec leurs rêves de paix et d’amitié à peine formulées, avec l’énergie de l’espoir et du désespoir, avec la densité des relations qui se créent dans les festivités et les enjeux de cette même jeunesse, je salue enfin ce serment de retrouvailles que le destin s’est chargé d’anéantir aussi sournoisement qu’il lui avait donné naissance et j'embrasse Sasha qui a eu la gentillesse de m'accueillir à Düsseldorf, l'été dernier.

***

Une dizaine d’heure plus tard, en rentrant à la maison, Michèle découvre un hortensia laissé par Yumiko sur la galerie. René, le parrain de Lo, qui est venu nous chercher à l’aéroport déballe un énorme goûter préparé par Dagmar, la marraine. Sébastien et Arnauld, des grands amis de Lo ont laissé un message sur le répondeur; ils seraient venus faire un tour. D’autres messages : Laurence, France, Camille, Pierre.

Plein de courriels aussi au sujet de Lo: Kate, Camille, le père de Sébastien, Jacques-Pierre, frère de Laurence et ma soeur Lucie qui m’envoie encore des PPS trop lourd mais charmant. Dodo et réveil à quatre heure trente du matin; plus capable de dormir; en fait il est 10 H 00 pour moi.

***
Aujourd'hui, pendant qu’on déballe la Tunisie de nos valises, un magnifique bouquet de fleurs blanches variées nous parvient de Rosalie, une autre étudiante. Beaux becs.

***
Tout çà pour dire...
"Notre jeunesse (...) est mal élevée, elle se moque de l'autorité et n'a aucune espèce de respect pour les anciens.
Nos enfants d'aujourd'hui ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais."

"Je n'ai plus aucun espoir pour l'avenir de notre pays si la jeunesse d'aujourd'hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible."

"Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n'écoutent plus leurs parents.
La fin du monde ne peut pas être très loin."

"Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux.
Ils ne seront jamais comme la jeunesse d'autrefois.
Ceux d'aujourd'hui ne seront pas capables de maintenir notre culture."

Une précision s'impose toutefois :
- La première citation est de Socrate (470-399 av. JC),
- la deuxième est d'Hésiode (720 av. JC),
- la troisième est d'un prêtre égyptien,
- la quatrième a été découverte sur une poterie d'argile dans les ruines de Babylone.

François