UNE FACTURE SALÉE
Avant de me coucher, j’ai réussi à contacter mon frère Jean-Claude à frais virés, avec mon cellulaire, et à lui donner mon numéro de carte de crédit pour qu’il fasse envoyer à Michèle une douzaine de roses blanches. C’est son anniversaire le samedi 5.
Je dors bien.
Pendant que je déjeune, Michèle me téléphone; pour elle, il est 20 h 00, le 3. Nous avons reçu un bouquet des Locussol. Je raconte les incidents de la veille. Elle pense que je devrais appeler Pierre pour l’aviser. Cette fille-là n’est pas bien.
Pierre n’a rien à voir dans cette affaire-là. C’est un mauvais psychodrame; il n’y est pour rien. Et franchement, que pourrait-il y faire?
-Sois prudent. Le père de Yumiko dit que les Chinois n’apprécient pas que l’on prenne des photos en Chine.
Je me rappelle avoir lu quelque part qu’il était interdit de photographier les ponts, mais le reste?… J’ai même vu un couple européen à bicyclettes qui prenaient des photos à un feu rouge avec télé photo.
Je passe l’avant-midi à essayer de brancher l’ordinateur de Laurent sur internet. J’effectuerai une sortie jusqu’à une petite boutique Apple dont le technicien de l’hôtel a fini par me trouver l’adresse.
En route, en taxi, mon cellulaire vibre au son de l’Hymne à la joie.
-Monsieur Dupuis…Ici le docteur Barrault de S.O.S. International…Je vous appelle de Singapour…Le docteur Poitras m’a dit que vous étiez passé à la clinique pour le rencontrer. Qu’est-ce que nous pouvons faire pour vous?
-Oui, effectivement; je lui ai envoyé un courriel hier; j’aurais souhaité pouvoir luncher avec lui…Je suis à Beijing pour 2 semaines. J’aurais aimé en savoir davantage sur les circonstances entourant les instants qui ont suivi la fuite de mon fils Laurent de votre clinique.
-Le docteur Poitras n’a pas reçu votre e-mail…
Mon interlocuteur est Français, Belge ou Suisse… C’est certain. Pas question de lui demander.
Je suis pris au dépourvu, calé à l’arrière d’un taxi, cherchant un crayon que je n’arrive pas à trouver.
-Le docteur Poitras n’est vraiment pas disponible actuellement. Vous avez dû vous rendre compte que la clinique déménage… De toute manière, il n’a pas eu à s’occuper de votre fils…
-Non, mais c’est quand même lui qui a porté assistance aux étudiants sous le choc…
Silence.
-Est-ce que la médecin allemande travaille toujours pour vous?
-Docteure Heinke est maintenant affectée dans une usine au nord de la Chine.
Je m’en doutais. Son nom n’apparaissait pas au tableau de la clinique. Autre silence.
-Monsieur Dupuis, si je puis répondre à vos questions, je vais faire tout ce que je peux… Nos rapports ont dû vous paraître froid à l’époque…Il faut dire que notre équipe a été très perturbée par la visite impromptue de deux femmes qui ont photographié des gens à leur insu et engueuler le personnel.
Carmen accompagnait Rosalie-Anne T., ma mandataire de juin 2006, en visite avec ses parents à Beijing. Maintenant que je connais mieux mon hôtesse des premiers jours en sol pékinois, cela est loin de m’étonner; je savais que cette visite n'avait pas été facile, mais à ce point...
-Ces personnes m’ont appris que des membres de votre personnel avaient tenté de rattraper mon fils… Il a été question de taxi. J’aimerais bien savoir de quoi il s’agit. Rien de tout ça ne figure au rapport du docteur Heinke.
-Vous savez ces tristes événements remontent à quelques temps déjà...
-Exactement deux ans et un jour, monsieur Barrault.
-Monsieur Dupuis, je vous rappelle le plus tôt possible.
Quelques minutes plus tard, le chauffeur me laisse à la croisée de deux grandes artères commerciales et pointe du doigt une boutique où j’aperçois la fameuse pomme d’Apple. Je suis au bon endroit. Je vais y arriver. En entrant, je tends l’ordinateur portable à un vendeur; il m’indique quelqu’un d’autre, à l’autre bout de la boutique; pas facile de se comprendre; je dépose la machine sur le comptoir et la mets en marche. Établir cette communication sans fil est hors de portée d’ondes et de compétence. Je me reproche de ne pas avoir pris le temps de contacter Sébastien avant de partir; il m’aurait indiqué la manière d’y parvenir. L’explication à ce que Laurent ne nous ait envoyé aucun courriel pendant son séjour trouve ici partiellement une éclaircissement. Je devrai donc me résoudre à acheter du temps d’utilisation à l’hôtel de luxe situé à proximité du mien.
Autre appel au retour. Madame Yu me donne le nom d’une entreprise qui fait du clipping d’articles de journaux : Sinofile. Je passe par le stationnement pour me rendre au majestueux hôtel Kunlun. Rosalie m’a envoyé un plan qu’elle a dessiné minutieusement. Je constate qu’il y a une erreur dans l’adresse du docteur Poitras pour le courriel que je lui avais envoyé. Pas étonnant qu'il ne l'est reçu. Devrais-je lui envoyer? J'abandonne. Pendant plus d’une demi-heure, la page web de Sinofile garde secret le numéro de téléphone qui me permettrait de prendre contact avec cette entreprise. Il y a plein d’informations corporatives mais pas de téléphone.
Ce soir-là, j’ai fermé un restaurant japonais situé dans un sous-sol entre le Kunlun et mon hôtel. Il n’y avait que deux clients quand je suis rentré. Le cuisinier préparait sous mes yeux sushi et sashimi. Délicieux. D’une fraîcheur incomparable. J’ai même assisté au nettoyage en règle des comptoirs. Le sake avait dû faire plus que son effet. De retour au pays, à la réception de mon relevé de carte de crédit que je me suis rendu compte avoir signé une facture de 1585,00 Yuan Renminbi, soit 230$. Comme quoi, l’ajout d’un zéro peut faire toute une différence.
Pendant que je déjeune, Michèle me téléphone; pour elle, il est 20 h 00, le 3. Nous avons reçu un bouquet des Locussol. Je raconte les incidents de la veille. Elle pense que je devrais appeler Pierre pour l’aviser. Cette fille-là n’est pas bien.
Pierre n’a rien à voir dans cette affaire-là. C’est un mauvais psychodrame; il n’y est pour rien. Et franchement, que pourrait-il y faire?
-Sois prudent. Le père de Yumiko dit que les Chinois n’apprécient pas que l’on prenne des photos en Chine.
Je me rappelle avoir lu quelque part qu’il était interdit de photographier les ponts, mais le reste?… J’ai même vu un couple européen à bicyclettes qui prenaient des photos à un feu rouge avec télé photo.
Je passe l’avant-midi à essayer de brancher l’ordinateur de Laurent sur internet. J’effectuerai une sortie jusqu’à une petite boutique Apple dont le technicien de l’hôtel a fini par me trouver l’adresse.
En route, en taxi, mon cellulaire vibre au son de l’Hymne à la joie.
-Monsieur Dupuis…Ici le docteur Barrault de S.O.S. International…Je vous appelle de Singapour…Le docteur Poitras m’a dit que vous étiez passé à la clinique pour le rencontrer. Qu’est-ce que nous pouvons faire pour vous?
-Oui, effectivement; je lui ai envoyé un courriel hier; j’aurais souhaité pouvoir luncher avec lui…Je suis à Beijing pour 2 semaines. J’aurais aimé en savoir davantage sur les circonstances entourant les instants qui ont suivi la fuite de mon fils Laurent de votre clinique.
-Le docteur Poitras n’a pas reçu votre e-mail…
Mon interlocuteur est Français, Belge ou Suisse… C’est certain. Pas question de lui demander.
Je suis pris au dépourvu, calé à l’arrière d’un taxi, cherchant un crayon que je n’arrive pas à trouver.
-Le docteur Poitras n’est vraiment pas disponible actuellement. Vous avez dû vous rendre compte que la clinique déménage… De toute manière, il n’a pas eu à s’occuper de votre fils…
-Non, mais c’est quand même lui qui a porté assistance aux étudiants sous le choc…
Silence.
-Est-ce que la médecin allemande travaille toujours pour vous?
-Docteure Heinke est maintenant affectée dans une usine au nord de la Chine.
Je m’en doutais. Son nom n’apparaissait pas au tableau de la clinique. Autre silence.
-Monsieur Dupuis, si je puis répondre à vos questions, je vais faire tout ce que je peux… Nos rapports ont dû vous paraître froid à l’époque…Il faut dire que notre équipe a été très perturbée par la visite impromptue de deux femmes qui ont photographié des gens à leur insu et engueuler le personnel.
Carmen accompagnait Rosalie-Anne T., ma mandataire de juin 2006, en visite avec ses parents à Beijing. Maintenant que je connais mieux mon hôtesse des premiers jours en sol pékinois, cela est loin de m’étonner; je savais que cette visite n'avait pas été facile, mais à ce point...
-Ces personnes m’ont appris que des membres de votre personnel avaient tenté de rattraper mon fils… Il a été question de taxi. J’aimerais bien savoir de quoi il s’agit. Rien de tout ça ne figure au rapport du docteur Heinke.
-Vous savez ces tristes événements remontent à quelques temps déjà...
-Exactement deux ans et un jour, monsieur Barrault.
-Monsieur Dupuis, je vous rappelle le plus tôt possible.
Quelques minutes plus tard, le chauffeur me laisse à la croisée de deux grandes artères commerciales et pointe du doigt une boutique où j’aperçois la fameuse pomme d’Apple. Je suis au bon endroit. Je vais y arriver. En entrant, je tends l’ordinateur portable à un vendeur; il m’indique quelqu’un d’autre, à l’autre bout de la boutique; pas facile de se comprendre; je dépose la machine sur le comptoir et la mets en marche. Établir cette communication sans fil est hors de portée d’ondes et de compétence. Je me reproche de ne pas avoir pris le temps de contacter Sébastien avant de partir; il m’aurait indiqué la manière d’y parvenir. L’explication à ce que Laurent ne nous ait envoyé aucun courriel pendant son séjour trouve ici partiellement une éclaircissement. Je devrai donc me résoudre à acheter du temps d’utilisation à l’hôtel de luxe situé à proximité du mien.
Autre appel au retour. Madame Yu me donne le nom d’une entreprise qui fait du clipping d’articles de journaux : Sinofile. Je passe par le stationnement pour me rendre au majestueux hôtel Kunlun. Rosalie m’a envoyé un plan qu’elle a dessiné minutieusement. Je constate qu’il y a une erreur dans l’adresse du docteur Poitras pour le courriel que je lui avais envoyé. Pas étonnant qu'il ne l'est reçu. Devrais-je lui envoyer? J'abandonne. Pendant plus d’une demi-heure, la page web de Sinofile garde secret le numéro de téléphone qui me permettrait de prendre contact avec cette entreprise. Il y a plein d’informations corporatives mais pas de téléphone.
Ce soir-là, j’ai fermé un restaurant japonais situé dans un sous-sol entre le Kunlun et mon hôtel. Il n’y avait que deux clients quand je suis rentré. Le cuisinier préparait sous mes yeux sushi et sashimi. Délicieux. D’une fraîcheur incomparable. J’ai même assisté au nettoyage en règle des comptoirs. Le sake avait dû faire plus que son effet. De retour au pays, à la réception de mon relevé de carte de crédit que je me suis rendu compte avoir signé une facture de 1585,00 Yuan Renminbi, soit 230$. Comme quoi, l’ajout d’un zéro peut faire toute une différence.