DÉCOUVERTES IMPROMPTUES
Je ne sais trop comment ce lundi 7 avril, je réussis à trouver les coordonnées de Sinofile, l’entreprise spécialisée dans la recherche d’articles de presse. Un réceptionniste de mon hôtel fit les approches d’usage au téléphone et j’eus au bout du fil, Wang Xudong, le directeur du service à la clientèle de l’information. Quelques minutes plus tard, je suis à l’hôtel d’à côté et lui fait parvenir par courriel cette demande :
Good morning,
As I told you before, I am looking for press clipping about my son
who passed away 2 years ago.
I am in China for that.
At 9:25, on the 3rd of April 2006, on the side road of the third ring road, my son, Laurent Pauze-Dupuis, 22 years old, jumped into traffic and was hit by double-decker bus. He died at scene; the incident occurred in front of Building No.1 Bai Jia Zhuan Dongli.
The only thing I can find by myself was on the net and the source was Jinghua Newspaper, published in 2006-04-04.
Hope that you can help me,
My mobile is 13717693791.
Thanks,
Puis je prends un taxi; direction : un marché, recommandé par la réception, dont l'adresse est écrite sur un bout de papier, en chinois, où je pourrai acheter un bracelet pour ma montre.
C’est le bon endroit. En entrant; c’est fait. Ma montre retrouve sa place au poignet.
J’en profite pour visiter les autres étages; Michèle m’a demandé de lui rapporter une veste matelassée en coton et comme ma valise est déjà remplie à pleine capacité, je décide d’en acheter une autre, petite qu’il me sera possible de traîner aisément. J’ai aussi en tête de retourner à la fabrique de soie de samedi dernier et de rapporter une couette en soie pour notre chambre à coucher. Dans ce building de 5 étages, les plafonds sont bas. Si j’ai le malheur de ralentir ou de m’arrêtai devant le moindre objet, les vendeuses de ces boutiques peu profondes et ouvertes sur des allées étroites m’offrent immédiatement un rabais alors que je n’ai encore rien demandé.
Soudain le décor me semble familier; au deuxième étage, surprise; je me retrouve, sans m'y être le moindrement attendu, là où Laurent, deux ans plus tôt, s’est fait faire deux habits qu’il n’aura jamais eu le plaisir d’étrenner: au marché de la soie, je suis.Je reconnais les enseignes où les tailleurs proposent la confection d’un habit sur mesure à peu de frais. Il me faut quelques secondes pour redonner une perspective au décor par le biais des photos fortement incrustées dans ma mémoire. Une ou deux figures me semblent familières. Je sors les cartes d’affaires conservées par Laurent, vérifie que je suis bien au bon endroit par le nom anglais des boutiques, leur montre une ou deux cartes. L’une des jeunes femmes reconnaît sa signature; elle a l’air tellement heureuse qu’elle ameute ses collègues qui se retrouvent à 4 ou 5 autours de moi; elle veut savoir comment il se fait que sa carte se trouve en ma possession.
-My son came here two years ago…and you made suits for him…But…
Je m’étrangle, ne peut retenir mes larmes…Il me faut de l'énergie et me resaisir.
-He died on the third ring road…
Elles me voient pour la première fois…J’en vois une ouvrir une petite armoire, sous un comptoir rempli de coupons de tissu, sortir trois papiers-mouchoirs de la boîte et me les tendre.
-Merci. Je m’excuse.
Je reviendrai avec son ordinateur leur montrer les photos. Elles sont émues, je le sens; pas de la même façon que moi.
La consul me téléphone et m’annonce qu’une traductrice va me rappeler plus tard pour me donner un rendez-vous le lendemain à l’ambassade : la police accepte de me rencontrer.
Je passe une partie de l’après-midi à tenter de retracer la fabrique de soie qui est à proximité du temple tibétain; je m’égare en me déplaçant à pieds. Je reprends un taxi.
Çà sonne. C’est le directeur de SOS International, le docteur Barrault.
-En sortant, votre fils a pris à gauche, et puis immédiatement à droite; on l’aurait alors perdu de vue. Une équipe a fait le tour de l’enclos et on a envoyé des taxis faire un tour pour tenter de le repérer…en agrandissant la zone de recherche graduellement.
-Merci, mais pourquoi ne pas avoir vérifié d’abord les trois sorties de cet enclos?
-Il n’y en a seulement qu’une de garder, devant le garage Volvo.
-Celle de l’arrière aussi, j’y ai pris des images hier.
-Elle ne l’était pas, il y a deux ans…Çà je puis vous l’assurer…
Cette conversation a-t-elle un sens?
Les taxis à sa poursuite ont bel et bien existé.
Laurent s’est échappé.
Heure de départ officiel de la Clinique : Entre 08 h 40 et 08 h 50.
L’ambassade canadienne a été prévenue immédiatement.
Heure d’enregistrement officiel du signalement de sa disparition, à l’ambassade : 09 h 30 selon la consul.
Heure officiel de l’accident mortel: 09 h 25
Je me change les idées en magasinant à la fabrique de soie: un édredon, un châle pour Michèle, deux cravates, une chemise et quelques mouchoirs...La nouvelle valise est déjà au trois quarts remplie.
Good morning,
As I told you before, I am looking for press clipping about my son
who passed away 2 years ago.
I am in China for that.
At 9:25, on the 3rd of April 2006, on the side road of the third ring road, my son, Laurent Pauze-Dupuis, 22 years old, jumped into traffic and was hit by double-decker bus. He died at scene; the incident occurred in front of Building No.1 Bai Jia Zhuan Dongli.
The only thing I can find by myself was on the net and the source was Jinghua Newspaper, published in 2006-04-04.
Hope that you can help me,
My mobile is 13717693791.
Thanks,
Puis je prends un taxi; direction : un marché, recommandé par la réception, dont l'adresse est écrite sur un bout de papier, en chinois, où je pourrai acheter un bracelet pour ma montre.
C’est le bon endroit. En entrant; c’est fait. Ma montre retrouve sa place au poignet.
J’en profite pour visiter les autres étages; Michèle m’a demandé de lui rapporter une veste matelassée en coton et comme ma valise est déjà remplie à pleine capacité, je décide d’en acheter une autre, petite qu’il me sera possible de traîner aisément. J’ai aussi en tête de retourner à la fabrique de soie de samedi dernier et de rapporter une couette en soie pour notre chambre à coucher. Dans ce building de 5 étages, les plafonds sont bas. Si j’ai le malheur de ralentir ou de m’arrêtai devant le moindre objet, les vendeuses de ces boutiques peu profondes et ouvertes sur des allées étroites m’offrent immédiatement un rabais alors que je n’ai encore rien demandé.
Soudain le décor me semble familier; au deuxième étage, surprise; je me retrouve, sans m'y être le moindrement attendu, là où Laurent, deux ans plus tôt, s’est fait faire deux habits qu’il n’aura jamais eu le plaisir d’étrenner: au marché de la soie, je suis.Je reconnais les enseignes où les tailleurs proposent la confection d’un habit sur mesure à peu de frais. Il me faut quelques secondes pour redonner une perspective au décor par le biais des photos fortement incrustées dans ma mémoire. Une ou deux figures me semblent familières. Je sors les cartes d’affaires conservées par Laurent, vérifie que je suis bien au bon endroit par le nom anglais des boutiques, leur montre une ou deux cartes. L’une des jeunes femmes reconnaît sa signature; elle a l’air tellement heureuse qu’elle ameute ses collègues qui se retrouvent à 4 ou 5 autours de moi; elle veut savoir comment il se fait que sa carte se trouve en ma possession.
-My son came here two years ago…and you made suits for him…But…
Je m’étrangle, ne peut retenir mes larmes…Il me faut de l'énergie et me resaisir.
-He died on the third ring road…
Elles me voient pour la première fois…J’en vois une ouvrir une petite armoire, sous un comptoir rempli de coupons de tissu, sortir trois papiers-mouchoirs de la boîte et me les tendre.
-Merci. Je m’excuse.
Je reviendrai avec son ordinateur leur montrer les photos. Elles sont émues, je le sens; pas de la même façon que moi.
La consul me téléphone et m’annonce qu’une traductrice va me rappeler plus tard pour me donner un rendez-vous le lendemain à l’ambassade : la police accepte de me rencontrer.
Je passe une partie de l’après-midi à tenter de retracer la fabrique de soie qui est à proximité du temple tibétain; je m’égare en me déplaçant à pieds. Je reprends un taxi.
Çà sonne. C’est le directeur de SOS International, le docteur Barrault.
-En sortant, votre fils a pris à gauche, et puis immédiatement à droite; on l’aurait alors perdu de vue. Une équipe a fait le tour de l’enclos et on a envoyé des taxis faire un tour pour tenter de le repérer…en agrandissant la zone de recherche graduellement.
-Merci, mais pourquoi ne pas avoir vérifié d’abord les trois sorties de cet enclos?
-Il n’y en a seulement qu’une de garder, devant le garage Volvo.
-Celle de l’arrière aussi, j’y ai pris des images hier.
-Elle ne l’était pas, il y a deux ans…Çà je puis vous l’assurer…
Cette conversation a-t-elle un sens?
Les taxis à sa poursuite ont bel et bien existé.
Laurent s’est échappé.
Heure de départ officiel de la Clinique : Entre 08 h 40 et 08 h 50.
L’ambassade canadienne a été prévenue immédiatement.
Heure d’enregistrement officiel du signalement de sa disparition, à l’ambassade : 09 h 30 selon la consul.
Heure officiel de l’accident mortel: 09 h 25
Je me change les idées en magasinant à la fabrique de soie: un édredon, un châle pour Michèle, deux cravates, une chemise et quelques mouchoirs...La nouvelle valise est déjà au trois quarts remplie.